20 mai 2009

A LA SANTE DES ANCETRES

Si vous allez boire une bière dans un maquis, très souvent le serveur ou la serveuse versera 1 centimètre de votre boisson dans le verre et le fera tourner dans celui-ci avnt de jeter le liquide par terre et de vous servir pour de bon.

Qu'on jette le liquide par terre et pas dans un évier ou une bassine n'a rien de surprenant : il s'agit la plupart du temps de terre battue et rare sont les petits maquis à disposer d'eau courante et à fortiori d'évier.

Qu'on gaspille un liquide aussi précieux que la bière fraîche est par contre étonnant.

La première fois qu'on m'a fait ça, il y a une dizaine d'année, seule la surprise m'a empêché d'attraper le garçon par le col et de le secouer en lui exprimant ma façon de penser, non mais!

A force de voir les geste se répéter, j'en ai pris le parti, comme d'une coutume bizarre incompréhensible auquel je n'avais qu'à me faire.

Le plus étonnant, c'est que si le personnel ne se charge pas du rituel, les clients autochtones s'y livrent eux-mêmes.

En bon sociologue, j'ai donc fini par m'enquérir auprès d'amis du "pourquoi" de la chose.

On m'a répondu que c'était la part des ancêtres.

Ce qui me permet d'ailleurs deux constats : les ancêtres sont des alcoolos, parce qu'on ne fait jamais ça avec un Coca-Cola ou une limonade et encore moins avec un café ou un thé.

Ensuite, les ancêtres sont des alcoolos satisfaits, parce qu'avec la quantité de bière qu'avalent leurs descendants et la part qu'on en renverse sur place, ils risquent plus la cirrhose post-mortem que la déshydratation.

J'ai une explication, moins pittoresque, mais plus rationnelle.

Si les bières sortent du congélateur et sont, en règle générale, bien glacées, il n'en va pas de mêmes des verres qui sont, eux, conservé à température ambiante.

Et la température ambiante, ici, c'est vachement chaud.

Les verres de plus n'ont rien à voir avec lesverres à bière à parois mince que nous connaissons en Europe : il s'agit soit de verres à eaux bien épais, genre cantine scolairres, soit de chopes à l'allemande en verre plus épais encore.

Ce qui implique que lesdits récipients ont une solide inertie thermique.

Vu qu'il est hors de question de les rafraîchir en les passant sous un filet d'eau froide comme chez nous, pour la double raison que, comme on l'a dit précédemment, la plupart des maquis sont dépourvus d'eau courante et que, de toutes façons, ici, l'eau du robinet est tout sauf fraîche, le but réel de l'opération est de refroidir le verre pour éviter qu'il ne chauffe la bière et ne fasse retomber la mousse.

Ce au prix, certes, du gaspillage d'un petite partie de votre consommation.

Anecdote.

Un copain Bruxellois, picoleur notoire, était venu il y a quelques années, passer des vacances chez nous.

La première fois qu'on a jeté de sa bière par terre, il a fallu qu'on s'y mette à deux Francis et moi pour le calmer er l'empêcher de casser la figure au serveur.

On lui a gentiment expliqué que c'était la part des ancêtres et qu'en plus sa bière n'en serait que plus fraîche.

Grand amateur de folklore à bon marché, ledit copain a adoré et a tellement bien adopté la coutume qu'il s'y est mis lui-même quand le personnel oubliait de sacrifier au rituel.

De retour à Bruxelles, l'imbécile, il est entré dans un bistrot du centre ville dont nous connaissions fort bien les tenanciers qui sont des amis, et y a commandé une Maes 33cl.

Coup de téléphone affolé à Ouaga des tenanciers : "Qu'est-ce qui lui est arrivé en Afrique à Jean-Luc? Il a pris un coup de soleil ou quoi? Ce con entre au bar, commande un verre.... et en fout la moitié par terre en gueulant que c'est pour les ancêtres! On l'a foutu dehors, mais, vous êtes sûrs qu'il va bien?".

Ombre d'un sourire chez Francis et moi en imaginant la scène...

1 commentaire:

Gideon Vink a dit…

Ik heb altijd gedacht dat het was om het glas vanbinnen schoon te spoelen, nooit verder bij nagedacht...! Enfin, weer wat bijgeleerd! Bedankt Dominique.