17 avril 2006

PARTICULARITES DU FRANCAIS D'AFRIQUE DE L'OUEST (4)

(Guide de survie à l'usage du touriste) Du bon usage de l'élision Le français parlé en Afrique de l'Ouest use (et abuse) de l'élision. Le français familier de nos latitudes aussi, d'ailleurs : ne dit-on pas "mon beauf'" pour "mon beau-frère"? Voici quelques élisions fréquentes : "Couze" por "cousin", "beau", pour "beau-frère" "homo", pour "homonyme". Si on vous dit "Je te présente mon homo, c'est mon beau" traduire donc "je te présente mon beau-frère qui porte le même prénom que moi" et pas "je te présente mon amant qui est mignon".

CONTAINER : INVENTAIRE

(Merci Jacques Prévert) CONTAINER Un container deux port de mer trois transitaires Trois conseils de guerre six crises de nerfs Deux millions d'honoraires Le Ghana le Burkina le port d'Accra plein de CFA Un douanier voleur Trois pots-de-vins six petits malins Deux grues trois tracteurs un soudeur

Toujours un douanier voleur

Trois cent mocassins cent vingt tapis onze Macintosh Une chambre froide un hachoir une meule Cinq baby-foot douze nappes neuf écrans dix neuf pneux soixante-neuf casques de chantier Trente sept mètres cubes dix tonnes

Cinq ou six douaniers voleurs

Quinze cartons volés quelques millions partis en fumée Une addition salée des sous envolés Un Francis très fâché un Dominique désolé

Et...naturellement : un douanier voleur

Version originale de l'inventaire de Jacques Prévert : Une pierre deux maisons trois ruines un jardin des fleurs quatre fossoyeurs un raton laveur une lame de fond six musiciens une douzaine d'huîtres un citron un pain un rayon de soleil un monsieur décoré de la légion d'honneur une porte avec son paillasson un autre raton laveur la fleur qu'on appelle souci un sculpteur qui sculpte des Napoléon deux amoureux sur un grand lit un receveur des contributions une chaise trois dindons un ecclésiastique un furoncle un receveur des contributions une chaise trois dindons une guêpe une écurie de courses un rein flottant deux filles de joie un oncle Cyprien Un fils indigne deux frères dominicains trois sauterelles un strapontin une Mater dolorosa trois papas gâteau deux chèvres de Monsieur Seguin un fauteuil Louis XVI un talon Louis XV un tiroir dépareillé un buffet Henri II deux buffets Henri III trois buffets Henri IV un homme du monde deux chirurgiens trois végétariens un cannibale une pelote de ficelle deux épingles de sûreté un monsieur âgé une Victoire de Samothrace un comptable deux aides-comptables une expédition coloniale un cheval entier une demi-pinte de bon sang une mouche tsé-tsé un homard à l'américaine un jardin à la française deux pommes à l'anglaise un jour de gloire un face-à-main un valet de pied un orphelin un poumon d'acier une semaine de bonté une année terrible un mois de Marie une minute de silence une seconde d'inattention et...

cinq ou six ratons laveurs un petit garçon qui sort de l'école en riant un petit garçon qui entre à l'école en pleurant deux pierres à briquet une fourmi un paysage avec beaucoup d'herbe verte dedans dix-sept éléphants un juge d'instruction en vacances assis sur un pliant deux belles amours trois grandes orgues un veau marengo une vache un taureau un siphon d'eau de Seltz un soleil d'Austerlitz un vin blanc citron deux sœurs latines trois dimensions douze apôtres mille et une nuits trente-deux positions six parties du monde sept péchés capitaux deux doigts de la main dix gouttes avant chaque repas un Petit Poucet un grand pardon un calvaire de pierre trente jours de prison dont quinze de cellule cinq minutes d'entracte. cinq points cardinaux dix ans de bons et loyaux services et... plusieurs ratons laveurs. La reprise pour la chanson de Vladimir Kosma (1957) :

deux pierres trois fleurs un oiseau une triperie vingt-deux fossoyeurs un amour le raton laveur une madame untel un grand rayon de soleil un citron un pain une lame de fond un pantalon une porte avec son paillasson un Monsieur décoré de la légion d'honneur le raton laveur un sculpteur qui sculpte des Napoléon la fleur qu'on appelle souci deux amoureux sur un grand lit un carnaval de Nice une chaise trois dindons un ecclésiastique un furoncle une guêpe un rein flottant une douzaine d'huîtres une écurie de courses un fils indigne deux pères dominicains trois sauterelles un strapontin une fille de joie trois ou quatre oncles Cyprien le raton laveur une mater dolorosa deux papas gâteau trois rossignols deux paires de sabots cinq dentistes un homme du monde une femme du monde un couvert noir deux cabinets deux petit'suisses un grand pardon une vache un samovar une pinte de bon sang un monsieur bien mis un cerf volant un régime de bananes une fourmi une expédition coloniale un cordon sanitaire trois cordons ombilicaux un chien du commissaire un jour de gloire un bandage herniaire un vendredi soir une chaisière un œuf de poule un vieux de la vieille trois hommes de guerre un François premier deux Nicolas II trois Henri III le raton laveur un père Noël deux sœurs latines trois dimensions mille et une nuits sept merveilles du monde quatre points cardinaux 1 2 3 4 heures précises douze apôtres quarante-cinq ans de bons et loyaux services deux ans de prison six ou sept péchés capitaux trois mousquetaires vingt mille lieues sous les mers trente-deux positions deux mille ans avant Jésus-Christ cinq gouttes après chaque repas quarante minutes d'entracte une seconde d'inattention et naturellement... le raton laveur...

N'DJAMENA : PETITS JOUEURS...

(Bande de jaloux, va!) Ca y est : ça fait aujourd'hui deux semaines que Ouaga bat quotidiennement N'Djamena dans la course au titre de capitale la plus chaude d'Afrique (et du monde, d'ailleurs). Enfoncés de un à deux degrés centigrades qu'ils sont les Tchadiens! Faut-il y voir la raison des violents combats qui on secoué cette ville ce week-end? Colère d'avoir perdu le titre? Tentative de réchauffer l'atmosphère? En tout cas c'est une piste malheureusement négligée par les commentateurs...

08 avril 2006

PARTICULARITES DU FRANCAIS D'AFRIQUE DE L'OUEST (3)

(Guide de survie à l'usage du touriste) Canaris et dolo. Un "canari" au Burkina, ce n'est pas le ridicule petit zoziau jaune que votre grand mère nourrit dans une cage dorée, mais une jarre sphérique en terre cuite d'une contenance comprise entre 15 et 50 litres. Il est d'ailleurs assez impressionnant de les voir livrer, ficeler par 5, 6 au 7 (record observé par Francis : 9), sur un porte bagage de vélo : cela donne un échafaudage de 2 à 3 mètres de haut sur parfois 2 mètres de large et force l'admiration pour les vaillant conducteurs des bécanes (quand on aura de nouveau un appareil photo convenable on vous montrera). Le "dolo" (ou "tchapallo") est une boisson fermentée locale au goût s'apparentant au lambic, au degré d'alcool raisonnable (5°) et aux effets dévastateur sur les intestins occidentaux. A l'occasion d'une demande en mariage, il est de coutume que le futur mari offre à sa belle faille un ou plusieurs "canaris de dolo" (entre autres cadeaux traditionnels, on y reviendra). Dans le cadre de la semaine du bon langage, ne confondez donc plus "le canari de dolo" et "le serin de Conchita".

TOURTERELLES

(Love story) Le jardin de la villa pullule d'oiseaux de toutes tailles et couleurs. Aux alentours du 10 mars, quelques jours avant le départ de Francis à Bruxelles, un couple de tourterelles a entrepris la construction de son nid pile-poil au dessus de l'endroit où nous prenons le frais l'après-midi. Le 15, jour du départ de Francis, le nid était achevé, un oeuf pondu et la femelle couvait. Fin mars, un minuscule oisillon mettait à rude épreuve ses parents, harassés d'aller lui chercher à manger. Au retour de Francis, le 4 avril, l'oisillon était déjà devenu un gaillard tourtereau. Il y a deux jour le petit a pris son premier envol (bon, c'était encore un peu gauche et mal assuré et ça n'a pas été plus loin que la branche voisine, mais l'idée générale y était). Il y a gros à parier que d'ici la fin de la semaine, le départ définitif du nid parental aura eu lieu. Pas de bol : on a confirmé hier le premier cas de grippe aviaire H5N1 au Burkina, dans la région de Ouaga. Pauvre petit, né trop tard dans un monde cruel...

02 avril 2006

PARTICULARITES DU FRANCAIS D'AFRIQUE DE L'OUEST (2)

(Guide de survie à l'usage du touriste) Dans notre série consacrée aux particularités lexicales, grammaticales, syntaxiques et stylistiques du français parlé en Afrique de l'ouest, notre sujet du jour : la place (importante) et l'usage (fréquent) de la litote, de l'euphémisme, bref, de l'understatement. Pour des raisons de courtoisie, le locuteur ouest africain use et abuse de ces figures de style. Trois exemples, d'ailleurs les plus fréquement rencontrés, les expressions : "un peu", "un peu, un peu" et "c'est pas intéressant". A la question "comment ça va?" (en mooré : "Wanna wanna?"), si votre interlocuteur vous répond "ça va un peu" (en mooré : "bilfù"), traduire par "J'ai plus de boulot, pas un franc d'économies, pas de quoi manger demain, le palu cérébral aigu et pas de quoi aller chez le médecin et encore moins de payer les médicaments, mon fils a la rougeole, mais enfin, il n'y a pas de quoi se plaindre". Si la réponse est "un peu, un peu" (mooré : "bilfù, bilfù"), traduire "Mon fils est mort ce matin, le propriétaire m'expulse demain à cause de mes six mois d'arriérés de loyer, ma femme a la tuberculose et on vient de m'apprendre ma séropositivité, mais enfin, il n'y a pas de quoi se plaindre". Quand à l'expression "c'est pas intéressant", voici trois exemples parfaitement authentique d'usage où on peu se rendre compte de l'ampleur de la litote. 1) "Travailler comme un esclave sept jours sur sept et vingt heures par jour dans une plantation en Côte d'Ivoire pendant un an pour gagner 75000 CFA (114 EURO) à la fin pour pouvoir acheter un vélo qui m'aurait permis de voir parfois ma femme qui est dans un village à 100 km de Ouaga et que je suis trop pauvre pour aller voir en car et les gendarmes ivoiriens à la fin qui me dépouillent de mes économies : c'est pas intéressant" (dixit le petit frère de Jules Bamouni). 2)"Tu passes au feu vert et le policier qui te dit que tu est passé au rouge et qui te confisque la moto et qui te rackette de 5000 francs et qui te frappe après parce que tu peux pas payer : c'est pas intéressant" (entendu dans un maquis). 3)"Bon, on est logés par terre, dans un hangar plein de déjections et pas d'eau, le jour de notre arrivée on a tué un serpent et deux scorpions : le logement, c'est pas intéressant" (un artiste invité de la semaine nationale de la culture de Bobo-Diolasso in "Sidwaya" daté d'hier). Bref, vous l'aurez compris, si on vous dit que tout va bien, c'est que ça va à peu près pas trop mal, si on vous dit que ça va "un peu" (ou pire, "un peu un peu") c'est que ça va franchement mal. On n'a encore entendu personne me dire que ça allait mal, mais si on devait entendre ça, on rentrerait dare dare en Europe car si il ne s'agit pas d'un tremblement de terre imminent c'est surement mortel et très contagieux.

01 avril 2006

IL NEIGE A OUAGA (COMME SUR LE LAC MAJEUR)

(Etonnant, non? -comme eût dit Desproges-) Vous avez cru ça? Hi, hi, hi : poisson d'avril!

29 mars 2006

DOMINIQUE SE MARRE

(Blague idiote mais d'une grande fraîcheur) Aujourd'hui c'est au tour de Dominique de se gondoler tout seul à la lecture d'une blague idiote, lue dans "Bendré", hebdo d'opinion, par ailleurs sérieux. La voici. Un vieux monsieur, voûté par le poids des ans, s'appuie sur l'épaule de sa petite-fille pour sa promenade vespérale. Au coin d'une rue deux chiens forniquent avec ardeur. Le grand-père, horrifié qu'un tel spectacle soit exposé au yeux innocents de sa petite fille, se dépêche d'inventer une explication ingénieuse propre à préserver l'innocence de l'enfant. "Tu vois", dit-il à la petite fille, "c'est un vieux chien qui à du mal à marcher, alors il s'appuie sur les épaule d'un plus jeune chien, comme moi qui m'appuie sur ton épaule". La petite fille lui répond alors avec une délicatesse toute virginale :"Ok papy, mais toi, pas question que tu m'encules".

ECLIPSE DE SOLEIL

(Enfin un peu de fraîcheur) Ce matin, à 9h21' (en temps universel, qui est également l'heure légale de Ouaga), 11h21' heure de Bruxelles et Paris, la quatrième éclipse totale de soleil du XXe siècle touche Ouagadougou. Bon le Burkina n'est pas sur la bande de centralité, mais pas trop loin, non plus. C'est la seule manière de rafraîchir un peu l'atmosphère : ça fait maintenant deux semaines que Ouaga est la ville la plus chaude d'Afrique un jour sur deux. Et les jours ou elle ne l'est pas, c'est pas parce qu'il fait plus frais à Ouaga, c'est parce N'Djamena est encore un poil plus chaude. Pour les passionnés d'astronomie, voir ICI.

16 mars 2006

METEO (2)

(Petit gag avec la môman de Dominique) Il y a quelques jours, la mère de Dominique téléphone pour prendre des nouvelles de son fils chéri. Au cours de la conservation elle s'enquiert du container et apprend que le matériel est enfin arrivé à la villa. Inquiète elle demande à son fiston si Francis et lui ne craignent pas les vols. Domi la rassure en lui disant que son associé et lui-même dorment dehors, littéralement "sur" le matériel. Exclamation horrifiée de madame Trembloy : "Dehors? Par ce temps! Vous êtes fous!". Petit silence. Son fils lui explique alors doucement que, bon d'accord, il sait, à Bruxelles il neige et fait moins dix la nuit, mais qu'à Ouaga, merci, ça va, il fait quarante la journée et trente la nuit et que, non, ça va aller, il ne risque pas la pneumonie.

15 mars 2006

METEO

(Fait chaud!) La météo sur TV5 annonçait hier une température de 40° à Ouaga, ville la plus chaude de toute l'Afrique. Il ne se sont qu'à moitié plantés : Ouaga a bien été aujourd'hui la capitale la plus chaude du continent, mais il n'a pas fait 40° mais 42°...

08 mars 2006

JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME

(Paradoxe) Aujourd'hui journée Internationale de la femme au Burkina Faso. Ca fait une semaine qu'on entend parler que de cela : TV, radios, journaux, même des pagnes et des T-shirts. Bref la femme est à l'honneur avec pompes et flon-flon. Tout ça est bien sympa, mais selon le rapport du Mouvement Burkinabé des Droits de l'Homme et de la Personne au Comité sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes lors de sa 33e session tenue du 5 au 22 juillet 2005 à New-York : "Les femmes demeurent toujours, avec les enfants, les groupes les plus exposés à la pauvreté, aux violences de toutes sortes, à la discrimination et à l'exclusion sociale. [...][Elle] sont toujours victimes de violations de leur droits aussi bien au sein de la famille qu'au niveau de la socuiété. Le mariage précoce et forcé de la fille, le lévirat, la tutelle la succession [...] sont autant de séquelles de ces violences et de cette discrimination". Et on ne parle pas des mutilations génitales qui subsistent encore dans certaines provinces quoique le taux en ait très spectaculairement baissé depuis le lancement en 1992 d'une vigoureuse campagne contre l'excision et sa criminalisation en 1996 (de six mois à trois ans d'emprisonnement et des amendes de 150000 à 900000 CFA -c'est très élevé lorque l'on sait que le smic burkinabè est de 28000 CFA et qu'une immense partie de la population ne gagne même pas ce montant-). Bref, il y a encore un océan entre les célébrations officielles pleines d'emphase et d'autosatisfaction et la condition féminine au Burkina, même s'il faut reconnaître que c'est plus un problème culturel de résistance au changement que de législation ou de volonté politique. Celle-ci existe et il faut reconnaître des avancées importantes et parfois même spectaculaires, comme dans la lutte contre l'excision. Bref il y a encore du pain sur la planche.

25 février 2006

PARTICULARITES DU FRANCAIS D'AFRIQUE DE L'OUEST

(Guide de survie à l'usage du touriste) Les français parlé en Afrique de l'ouest présente des particularités stylistiques, lexicales et syntaxiques qui le distinguent du français standard. Généralement savoureuses, comme la plupart des particularités des français régionaux, elles peuvent donner lieux à des quiproquos, mécompréhensions ou contresens. Ceci est le premier article d'une série dont le modeste but est de vous divertir un peu tout en vous aidant, lors d'une éventuelle visite à Ouagadougou, à mieux saisir certaines expressions locales, à éviter l'un ou l'autre malentendu et à vous faire aisément passer pour un vieux résident et non un touriste fraîchement débarqué. Bureaux et maquis Petite introduction destinée à permettre la compréhension de l'anecdote aussi authentique que savoureuse qui suit... "Maquis" en Afrique francophone de l'Ouest ne désigne pas la végétation typique des collines corses, ni un groupe de résistants armés, c'est tout simplement un petit bistrot (éventuellement restaurant) du secteur informel : quelques tables et chaises, un toit de paille tressée ou de tôle pour abriter du soleil et de la bière bien fraîche. Il existe d'autres catégories de débits de boissons, comme les "kiosques" et les "frelatés", mais nous y reviendrons dans une livraison ultérieure. Quant au mot "bureau", il désigne en français standard tant votre table de travail que le local dans lequel vous exercez votre profession. Jusque là, pas de problèmes ces deux acceptions sont commune au français standard et à celui pratiqué par des locuteurs ouest africains. Des expressions comme "pose ce dossier sur mon bureau" ou "je dois être au bureau à quatorze heures" seront parfaitement comprises et n'engendreront aucune confusion. Là où ça se complique c'est lorsque le mot "bureau" est précédé d'un adjectif numéral ordinal. Si il s'agit d'une indication topologique (par exemple : "Monsieur Duschmoll? C'est le troisième bureau à votre gauche"), le risque de confusion reste faible. Où est donc le problème, me direz-vous, on ne voit vraiment pas de raison autre que topologique de faire précéder le mot "bureau" d'un tel adjectif. Et pourtant, si, il y a un cas : l'armée française avait l'habitude, du moins avant la deuxième guerre mondiale, de désigner ses différents services d'état major (plans, opérations, logistique,...) par les termes "premier bureau, deuxième bureau, troisième bureau" etc. On désignait d'ailleurs l'état-major dans son ensemble par le vocable "les bureaux" et le terme "deuxième bureau" pour désigner le service de renseignement militaire français est bien connu des amateurs de livres d'espionnage. Mais en Afrique de l'ouest et, d'ailleurs, de manière plus générale, dans toute l'Afrique francophone, le "deuxième bureau", c'est la maîtresse (l'épouse légitime étant le premier bureau). On parle d'ailleurs couramment, lorsque l'on a plusieurs maîtresses (ce qui est fréquent) de "deuxième,troisème..., nième bureau". Donc si à Ouaga, quelqu'un vous dit qu'il a vu Untel au maquis avec son deuxième bureau, ne comprenez pas qu'Untel inspecte son groupe de résistance avec son officier de renseignement mais, plus prosaïquement, qu'il est au bistrot avec sa maîtresse. Ces explications données, voici l'anecdote parfaitement authentique promise. Lors du premier séjour exploratoire de Frédéric, notre ex-associé, en juin 2005, alors queles deux chauffeurs de scooter étaient partis faire quelques courses pour nous, Fred et Dominique, s'installent pour les attendre dans leur maquis habituel, Noagbin, plus commodément surnommé par nos deux Belges "Chez/Bij Omar", du nom du gérant. Sympathisant avec un table d'autochtones voisine de la leur, Dominique et Fred lient conversation. Et c'est là que Fred déclenche l'hilarité générale. En effet, voulant signifier que Noagbin est déjà devenu son repaire, son quartier général, bref, son "stam cafeï", Fred ne trouve pas de plus heureuse manière pour exprimer son sentiment que de déclarer : "Omar, c'est mon deuxième bureau". D'où l'hilarité générale et une certaine confusion du gérant qui était précisément occupé à nous servir.

21 février 2006

RALENTISSEMENT DANS LE FLUX DE NEWS

L'ordinateur de la maison est en panne, le cybercafé particulièrement lent ces derniers jours, le container est arrivé dans l'entrepôt sous douane de Ouagadougou (=paperasses et courreries), on doit encore régler quelques problèmes de gros sous : bref, ces prochains jours on risque d'avoir un peu moins de temps pour vous raconter nos aventures par le menu. Pas de panique : on est en bonne santé et tout devrait bien se passer. On vous réalimentera en anecdotes fraîches d'ici quelques jours.

19 février 2006

GEOGRAPHIE (Partie 1 : Théorie) Pour venir nous visiter, suivez la flèche... En gros, on est à peu près là :

Vu de plus près, c'est par ici :

Plus précisément dans ce coin là :

Là ça commence à se préciser, on distinguer nettement le Burkina Faso :

Une fois là, viser Ouagadougou :

A Ouga, demander le rond-point "Patte d'oie" : Puis suivre le plan :

FRANCIS ET LE MOORE (3)

Autre expression Mooré rapidement assimilée par Francis :"Ligdî kà bé yè" ("il n'y a pas d'argent"), phrase miracle pour décourager les multiples vendeurs ambulants et autres mendiants qui, au centre ville, se ruent sur tout ce qui ressemble à un Européen pour le solliciter, ayant une tendance certaine à confondre "nàsaara" ("blanc") et "BCEAO" (Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest"). Bien prononcé, c'est redoutablement efficace : d'une part, le fait qu'un blanc parle leur langue vernaculaire les laisse suffisament stupéfaits pour qu'on aie le temps de s'éloigner avant qu'il ne reprennent leurs esprits, d'autre part, l'annonce de l'absence de numéraire décourage leur vélléités taxatoires. Le hic, c'est que Francis, en bon Français, comme la plupart de ses compatriotes, éprouve quelques soucis avec la prononciation des langues étrangères (euphémisme : en fait, il torture la prononciation et ignore superbement les accents toniques ce qui en Mooré, langue tonale où la longueur d'une voyelle et l'inflexion de la voix changent le sens d'un mot, pose de légers problèmes -re-euphémisme-) (1). Importuné par un petit vendeur de ceintures alors que nous déambulons sur l'avenue Docteur Kwamé N'Krumah, après lui avoir dit que, non, merci, il n'a pas besoin de ceinture, son pantalon tenant parfaitement bien à sa taille avec sa ceinture actuelle et devant l'insistance du vendeur, Francis s'essaye donc à la formule magique, "Ligdî kà bé yè" . Le hic, c'est que dans sa bouche cela donne quelque chose comme :"Liquide hic abeille!", ce qui ne suscite pas toujours une compréhension immédiate des mooréophones. Si Francis est un homme plein de qualités, la patience n'est cependant pas la principale (ça, ce n'est pas un euphémisme, c'est une litote). Légèrement agacé (ça, c'est de nouveau un euphémisme), Francis finit par se planter face à l'importun et, fermement campé sur ses jambes, les poings sur les hanches lui lance alors avec un accent qui, bien que situant ses orgines bien au sud de la Belgique, n'a plus rien d'Africain :"Hé putaing, cong, jeu doit teu leu direur dang quelleu langueu : y a pas d'oseille!". Après quoi remâchant sa rancoeur de n'avoir pas été compris, il épanche sa bile dans l'oreille compatissante de Dominique pendant un bon quart d'heure sur le mode :"Ils sont cons ou quoi? Le prochain qui m'aborde je te le prends à la gorge et je lui démonte la gueule à coups de manche de pioche! Voient pas qu'on est pas des estivants ou quoi?". De la difficulté de la communication interculturelle... ____________________ (1) Note aux lecteurs belges : souvenez-vous comme on s'est marré au moment du réferendum sur l'Union Monétaire, quand les présentateurs de la télévision Française s'efforçaient en vain de prononcer "traité de Maastricht". :)

18 février 2006

FRANCIS SE MARRE

L'autre jour, pendant que Dominique était occupé à relever le courrier et mettre à jour le blog, Francis, resté dehors pour cause de chaleur insupportable dans le cyber café, se plonge dans la lecture d'un journal local de petites annonces, genre Vlan, et se met tout d'un coup à se gondoler tout seul assis sur son banc, suscitant moult regards interrogatifs des passants. Ses cyber pensums terminés, Dominique m'enquiert de la cause de son hilarité. Francis lui explique qu'elle a été suscitée par la lecture d'une blague lue dans le journal, bien qu'elle n'ait rien de spécifiquement burkinabè et strictement aucun rapport avec nos aventures, on ne résiste pas au plaisir de vous la livrer, comme ça au moins vous saurez ce qui nous fait rire (et juger, par là même, de notre état de fatigue mentale). Voici l’histoire. Un homme égaré dans la forêt à la nuit tombante arrive à une petite maison dans une clairière. Il frappe à la porte afin d’y demander l’hospitalité pour la nuit. Un très vieux et très laid chinois lui ouvre et accepte de le nourrir et de le loger à la condition qu’il respecte sa fille unique, sous peine de subir les trois pire supplices chinois. Notre homme accepte d’autant plus volontiers que l’âge et le physique du vieux laissent présager en guise de fille d’un laideron d’un âge la rendant de toute façon impropre à la consommation. Lors du (délicieux) souper, surprise : la fille a à peine vingt ans, elle radieusement belle et de plus lui fait de l’œil et du pied. Tant bien que mal, le visiteur se contient, pensant aux terribles supplices chinois. Dans la nuit, cependant, il n’y tient plus, va rejoindre la fille dans sa chambre et y passe une nuit de folles galipettes avant de rejoindre sa propre chambre, au premier étage de la maison, à la fine pointe de l’aube. Au réveil, se sentant légèrement oppressé, il ouvre un œil et aperçoit une très grosse pierre posée sur sa poitrine. Sur la pierre un petit mot : « Premier supplice chinois : énorme pierre posée sur poitrine ». Il rigole doucement, se disant que les supplices chinois ont décidément une réputation surfaite. Il prend la lourde pierre à deux mains, se lève et va la jeter par la fenêtre de sa chambre. Au moments précis où il la fait basculer dans le vide, il aperçoit un autre petit mot collé sur le rebord de l’appui de fenêtre disant : « Deuxième supplice chinois : énorme pierre attachée par corde à piano à testicule gauche hôte indélicat ». En une fraction de seconde, sentant déjà la corde se tendre, il se décide à sauter derrière la pierre, préférant la probabilité d’une fracture à la certitude de l’émasculation. Pendant sa chute, il a le temps de lire un dernier petit mot, scotché sur la façade et libellé ainsi : « Troisième supplice chinois : testicule droit de l’hôte indélicat attaché par corde à piano à pied du lit ».

SAAM PUUSEM YAA A ZUBO

Non, Dominique ne s'est pas remis à picoler, comme pourrait le laisser supposer le caractère cryptique du titre. Il s'agit simplement d'un proverbe Mossi qui dit en langue mooré : "Les salutations pour en étranger lui sont un pesant fardeau", ce qui veut dire que le nouvel arrivant doit, en priorité, s'acquitter en priorité de ce préalable de bienséance et que, nom de nom, ce n'est pas de la tarte. Petit exemple de salutations entre celui qui arrive (Dominique dans notre exemple) et celui qui est sur place (dans l'exemple, Issa) : Dominique : Né y yibeoogo (Salut à vous/bonjour!) Issa : Yibeoog soab yaalà (Bienvenue à celui qui dit bonjour!) facultatif : D : Nàaba (Remerciement) D : Y yibeoog kibaré (Comment ça va?) I : Làafi (En bonne santé!) D : Y zak rãmbà? (Et chez vous?) I : Yéll ka yé (Il n'y a pas de problèmes!) D : Y paga? (Et votre épouse?) I : Làafi bàla (Tout à fait en bonne santé!) D : Kàmba fãà? (Et les enfants?) I : B kéemamé (Ils vont bien) D : W n barka (Dieu soit loué!) I : Y zak rãmbà? (Et chez vous?) D : Làafi bèemé'! (Il y a la santé) I : W n barka (Dieu soit loué!) Ca c'est la séquence minimale pour ne pas être impoli : avec un ancien, un notable, un chef traditionnel ça peut être nettement plus long... Cela étant dit, il n'est pas nécessaire de saluer en Mooré : les gens admettent parfaitement que vous les saluiez en Français, la grossièreté consisterait à omettre de saluer, ou à ne pas s'enquérir de la santé de tout le monde, ou à oublier de remercier Dieu pour les bonnes nouvelles. Résultat des bidons : chaque fois qu'on salue, on est parti pour un sérieux bout de temps bout de temps... Quizz : Sachant qu'on connaît tout le monde dans le quartier et que tout le monde nous connaît, qu'en conséquence on est bien obligé de se saluer, combien nous faut-il pour parcourir les 250 mètres qui nous séparent de l'endroit ou on prend le café le matin? Question subsidaire : A votre avis pourquoi, depuis un certain temps déjà, allons nous désormais prendre le café vers six heures moins le quart le matin, quand personne (ou presque) n'est encore réveillé dans le quartier? Bon allez, pour vous rassurer, avec un familier du même âge on peut se contenter de "Wanna-wanna?" ("Ca boume?"), réponse laconique "Làafi" ("Il y a la santé"), fin de la séquence "Okaaay" (ça c'est pas du mooré, c'est de l'américain).

CONTAINER STORY

(bande annonce) "Life, a tale told by an idiot, full of sound and fury, meaning nothing" (W.Shakespeare) (sous-titre français pour les sous-doués linguistiques :"La vie, une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, ne signifiant rien"). L'histoire du voyage de notre container de Bocholt à Ouagadougou via Anvers et Tema ressemble un peu à ça : un scénario chaotique et dépourvu de sens apparent, écrit par un scénariste idiot et/ou sadique. Bientôt sur votre blog : "CONTAINER STORY", une saga pleine de suspense, de rebondissements, d'argent... Bref, tous les ingrédients d'un grand film (sauf le sexe). Simplement, avant d'avoir vraiment envie de nous la raconter pour vous faire rire, on attend d'être sûrs du happy end.

BESTIOLES ET TAS DE BOIS (2)

(illustration) On vous parlait, dans une livraison précédente, des commerces informels de bois de chauffe en mileu urbain Ouagalais et des immigrants indésirables (serpent, scorpions, termites...) dont ils provoquent l'arrivée en ville. Pour ceux d'entre vous dont l'imagination déficiente (ou la paresse d'esprit) ne permettrait pas de se représenter avec précision ce dont il s'agit, nous avons pris ce cliché à 100 m de la villa...

SAINT VALENTIN (2)

Le quinze février, lendemain de Saint Valentin, Francis et Dominique soupent en tête à tête aux chandelles. Mais non, mauvais esprits, Cissou n'a pas viré de bord! Simplement, Sana n'est pas libre et les chandelles, ce n'est pas pour le romantisme, c'est parce qu'on a plus d'électricité parce qu'on a épuisé notre stock d'unités pré-payées (il faudra deux jours pour que le courant soit rétabli, après un rallye vaudevillesque dans tout Ouaga et des heures perdues en files aussi gigantesques qu'inutiles aux mauvais guichets).

SAINT VALENTIN

Le soir du 14 février, jour de la Saint Valentin, Francis invite sa fiancée à partager notre (modeste) repas du soir : poêlée de pommes de terres et légumes sautés aux piments. Partage fraternel des tâches : Cissou coupe les patates et prépare la braise de notre petit réchaud à charbon de bois, Dominique détaille les légumes, prépare la salade et pile le piment. Après allumage laborieux du feu, le charbon de bois étant humide, on pose la poêle de patates et les légumes sur le brasero et Cissou déclare, au vu du fort faiblard rougeoiement du feu, qu' "on en a pour un moment" et que, "tiens, on a même le temps d'aller boire un verre". Proposition adoptée à l'unanimité, d'autant qu'on a rien bu de la journée, à part des sachets d'eau tiédasse, qu'on a abattu une appréciable quantité de boulot et parcouru un nombre respectable de kilomètres sous le cagnard. Laissant la poêle mijoter (enfin, posée sur le brasero, en espérant qu'elle se mette à mijoter), on se dirige vers "La petite France", un maquis sis dans les environs et tenu, comme son nom l'indique, par un compatriote de Francis. Incartade à notre régime sobre à l'initiative de Francis :"Et nom de Dieu, ce coup-ci on a bien mérité une Flag!". Nous nous partageons donc une Flag bien fraîche. Comme on a encore un peu soif, une deuxième suit pendant que nous devisons gentiment avec Patrick, le compatriote de Francis. Au moment de payer l'addition et de revenir à notre tambouille, le patron insiste pour nous offrir le coup de l'étrier, après hésitation, on se fait une douce violence et on cède à son insistance. Le portable sonne : c'est Sana, la fiancée de Francis qui nous avertit qu'elle est à la villa, devant une porte close. On rentre au pas de gymnastique, on ouvre la porte, Sana éclate de rire et Francis et Dominique rient jaune : la braise est magnifique, mais ce qui fait penser à du charbon de bois, maintenant, c'est le contenu de la poêle. Nettoyage express de la gamelle et repas alternatif improvisé en quatrième vitesse : omelette avec ce qui reste de légumes et de piments. Bref : Sana doit vraiment être amoureuse, parce ce genre de repas de Saint Valentin (joint à l'absence de tout cadeau, pour cause de dèche), ça en pousserait plus d'une à rompre sur le champ!

HARMATTAN (2)

(dommages collatéraux) Après, le violent Harmattan de la nuit de jeudi à vendredi, journée grise et fraîche, avec une petite brise (genre Harmattan, modèle fillette). Les autochtones se plaignent du froid, Francis et Dominique respirent après deux jours et deux nuits caniculaires. Pouvoir se taper leurs 10 à 15 km à pieds quotidiens sans avoir le t-shirt trempé après 10 minutes de marche n'est pas fait pour leur déplaire. Cette nuit (celle du vendredi 17 au samedi 18) : re-Harmattan. Conséquences prévisibles :
  • désespoir probable de Mariam (la femme de ménage), à qui on se promet de parler du tonneau des Danaïdes, lundi, quand elle viendra balayer;
  • soupir résigné d'Adama (le piscinier), qui commence à comprendre le mythe de Sisyphe, dès demain matin;
  • insomnie (pour cause de boucan) à l'heure ou ces lignes sont écrites (04h12' UMT) de Cissou et Domi;
  • nouvelle livraison d'anecdotes sur le blog (quand Dominique n'arrive pas à dormir il tape sur son clavier, maintenant qu'il y a de la lumière dans la pièce où se trouve le PC).
Pour ceux qui douteraient de la puissance de l'Harmattan, on joint une photo éloquente...

17 février 2006

FRANCIS ET LE MOORE (2)

Outre les expressions concernant les sous, devinez quelle est la première expression Mooré qu'a maîtrisé Francis en bon méridional qu'il est. Mmmmmh? Je vous écoute? Vous donnez votre langue au chat? Il s'agit de "bilfù, bilfù" , qui signifie en gros :"mollo, mollo", "plus tard, plus tard", "douuuuuuuuuucement", "pas si viiite"... Ben tiens, il se retrouve en pays de connaissance ("aujourd'hui peut être, ou alors demain" comme dit la chanson).

FRANCIS ET LE MOORE

Si Dominique, en bon Belge et en digne fils de deux profs de langue parle courrament le néerlandais et l'anglais, Cissou, lui, en bon Français, s'enorgueillit de ne rien parler ni comprendre d'autre que sa langue maternelle et manifeste un manque de prédisposition à l'apprentissage des langues étrangères qu'il pousserait n'importe quel linguiste au suicide. Néanmoins... Alors que Dominique se casse le c....... depuis avril à assimiler les rudiment du Mooré alors que Francis a une fois pour toutes décrété qu'il n'en avait rien à f....., celui qui en a la connaissance opérationnelle la plus utile n'est pas celui qu'on croit, jugez plutôt à ce qui suit. Pendant une négociation (en français) avec le propriétaire de notre futur local commercial, celui-ci échange quelques phrases en Mooré avec un de ses accolytes, Francis glisse à l'oreille de Domi : "le vieux essaye de nous planter une carotte de 500.000 CFA dans le cul pour l'électricité". Ce qui s'avèrera parfaitement exact par la suite, au grand ébahissement de Dominique qui, malgré une étude assidue, n'arrive pas encore à compter correctement jusqu'à cent. MORALITE : s'il s'agit d'argent (surtout du sien) Francis est capable de comprendre même le chinois.

BESTIOLES ET TAS DE BOIS

Nous lisions l'autre jour dans un journal local une diatribe contre la prolifération anarchique en ville (lisez : Ouagadougou) de commerces informels de bois de chauffe. L'auteur de l'article accusait lesdits commerces de contrecarrer les méritoires efforts de la mairie pour assainir un tant soit peu la ville et tenter d'améliorer le niveau d'hygiène général (fort bas, il faut le reconnaître). Pour faire bref, les tas de bois importés en ville à partir de la brousse étaient accusés de favoriser la prolifération d'insectes, rongeurs et reptiles nuisibles. On lit l'article, mais comme eût dit Chirac : "ça nous en bouge une sans toucher l'autre", d'autant que, lorsqu'il s'agit de critiquer un pouvoir en place, fût-il municipal, la presse d'opposition a tendance à en remettre une louche et à ne pas y aller avec le dos de la cuiller. Révision légère de notre indifférence (épisode 1) : Adama, notre piscinier s'excuse ce matin de ne pas être venu travailler hier, son pied ne lui permettant pas de marcher après qu'il se soit fait piquer par un scorpion en passant devant un tas de bois... Légère révision de notre indifférence (épisode 2) : en passant ce matin devant le commerce de bois sis à 100m de la villa avec notre copain Mahdi, nous étonnant de la terre fraîchement remuée et de la réorganisation manifeste des tas de branches, Mahdi nous explique qu'il a bien fallu assainir un peu, les voisins se plaignant de la prolifération de serpents. Dans les trois derniers jours, les clients du maquis d'en face ont dû en tuer quatre dont deux fort petits mais mortels. On décide de ne plus rire de la presse d'opposition et de regarder où on marche près des tas de bois. NE PANIQUEZ PAS : on a pas encore rencontré personnellement une bestiole venimeuse à Ouaga (mis à part les moustiques, et encore...).

L'HARMATTAN

L'Harmattan, pour ceux qui l'ignoreraient, c'est le vent froid (froid....tout est relatif, en Belgique on trouverait que c'est une agréable brise d'été!) et sec qui souffle du Nord pendant la saison froide et sèche en Afrique de l'ouest (même remarque en ce qui concerne "froide" , "sèche" par contre ce n'est pas usurpé). L'Harmattan, soulève la poussière (ce qui nous vaut d'expectorer des glaires tellement chargés de latérite rouge qu'on pourrait jouer la dame aux camélias) et coïncide avec la saison de la méningite, maladie endémique dans la région de janvier à juin (pas de panique : on est vaccinés). L'Harmattan, s'il fait sortir les "petites laines" aux locaux (bande de grands frileux va...) nous soulage un peu,nous, occidentaux, en nous permettant de respirer après les premières journées caniculaires qui annoncent la saison chaude (mars/avril). L'Harmattan est l'ennemi de notre piscinier : lorsqu'il souffle, une heure après son départ, le fond de la piscine est recouvert d'une, esthétique mais involontaire couche de poussière de latérite rouge/brun et la surface de la même piscine d'une collection de feuilles d'arbres auxquelles viennent de temps à autre se joindre quelques vieux sacs plastiques. L'Harmattan n'est pas non plus le copain de la femme de ménage qui apprécie assez peu de recommencer le balayage de la terrasse à un bout alors qu'elle vient d'arriver à l'autre. L'Harmattan, c'est aussi une maison d'édition spécialisée dans les bouquins sur l'Afrique, mais ça, vous vous en fichez probablement comme de votre première chemise... L'Harmattan est un mot que notre ex-associé Fred, légèrement dyslexique, n'a jamais été fichu de prononcer correctement (persistant à dire : "le larmatan", comme il a toujours dit : "laréoport" pour "l'aéroport" et "soucis" à la place de "Cissou" en guise de diminutif de "Francis"...). L'Harmattan vous vaut aujourd'hui une nouvelle collection d'anecdotes : vers 21 heures le soir du 16 février(hier), il s'est levé en force : craquements des branches, grincement des volets, chutes de mangues, claquements de portes : on en arriverait (presque) à regretter les ronflements de Frédéric... Résultat : incapable de trouver le sommeil, Dominique s'est attelé, vers minuit, à taper ses notes pour l'édification des parents et amis du (désormais) duo du futur "Lavandou Bar Burkina".

16 février 2006

REPASSAGE

Ni Francis, ni Dominique ne sont des as du repassage (doux euphémisme). Jusqu'à leur départ en Europe le premier confiait le soin de repasser ses chemises à Marianne, une cliente et amie, l'autre se reposait sur les doigts de fée de sa petite maman. Evidemment, à Ouagadougou à 6000 km de Bruxelles, ce sont des expédients un peu plus difficiles à mettre en oeuvre. On a fini par trouver une solution... Avec un fer à charbon de bois les chemises sont nickel : avis à toutes les Marianne et mamans du monde !

OUAGA PROPRETE

A votre avis, qui s'occupe de nettoyer les rues de Ouaga de leurs ordures? Louis, le vautour, de Ouaga propreté (et ses congénères).

DU TRIO AU DUO...

(12 février - 14 février 2006) Après quelques jours de réflexion, Fred ne s'adaptant décidément pas au climat, décide de regagner définitivement l'Europe et de réintégrer sa place d'archiviste au ministère de la région de Bruxelles-Capitale. Des trois associés de départ pour la grande aventure du Burkina Fasso ne reste qu'un duo de choc : Francis et Dominique, bien décidés, eux, à prendre racine ici (et pour Francis, même d'y faire souche). Fred nous quitte dans la nuit du 13 au 14 février, son avion décolle à 4h30 le matin de la Saint Valentin, ne manquant pas comme de juste de réveiller les deux autres restés dormir à la villa. Boarf, un avion ça dure moins longtemps que ses ronflements et, globalement, c'est moins désagréable. Il ne nous reste plus qu'à dessouder 3 muezzin, un curé et un pasteur pour pouvoir dormir des nuits convenables. C'est déjà un début...

08 février 2006

ANECDOTES OUGALAISES....

(4 janvier -8 février 2006)

CLIMAT

Le temps polaire (35° la journée, tombant parfois à 25° voire 20° la nuit) reculant en faveur d'un temps un peu plus printanier (38° la journée, 30° à 35° la nuit), nous avons donc pu ranger les édredons en plumes et les doudounes.

SOMMEIL, RELIGIONS, TRANSPORTS AERIENS et FAUNE AU BURKINA FASO

Francis et moi avons assez mal dormi au début.

Il faut dire que les nuits ne sont pas particulièrement tranquilles.

Les deux dancings du coin diffusent à profusion de la variété locale (beurk) jusquà des heures pas possibles.

Vers 3h30, les muezzins entament, en canon, l'appel à la prière à l'intention des musulmans du coin (Allahouakbar!).

Sur le coup de 4 heures et demie, les catholiques de la chapelle en plein air située juste en face de la concession, appellent à mâtines, en frappant à coups de masse sur une jante de camion suspendue par une corde à un arbre, faute de cloches (bang, bing, bang!).

Après quoi les protestants d'à côté se mettent à chanter la gloire de Dieu (Amen, Alléluia!) sur des airs de gospels baptistes américains.

Il arrive aussi que les animistes organisent une procession nocturne de masques et de fétiches au rythme des tam-tam (badaboum, badaboum!).

La tolérance religieuse au Burkina Faso est admirable, mais nous apprécierions la tenue d'un forum oecuménique pour qu'imams, curés, pasteurs et sorciers se mettent une fois pour toutes d'accord sur une même heure de prière pour tous, Nom de Dieu(x)!

Pour ne rien gâcher, la villa est située pile poil dans l'axe de la piste d'atterrissage de l'aéroport international de Ouagadougou à moins d'un kilomètre du début de piste...

Résultats : les avions passent à très très basse altitude au-dessus de la maison.

Les vols Air France, ça va, mais les vieux coucous d'Air Burkina ou Air Mali (également connue sous le nom évocateur d'Air Peut-être), là on a carrément l'impression que les tôles du toit vont s'envoler et on surveille chaque matin les fissures de la maison pour voir de combien elles se sont agrandies...

On passe sur les Tupolev et Iliouchine perdant des boulons des compagnies charter libyennes emmenant les pèlerins à La Mecque...

Un de ces jours, l'un d'entre eux s'écrasera dans la piscine et nous réveillera de manière définitive.

Quand on pense aux petits bourgeois douillets qui protestent contre les vols de nuit à Zaventem et qui ont fait fuir DHL et ses emplois, ici, on se marre doucement.

N'oublions pas les geckos, ces sympatiques reptiles, qui ressemblent à de gros lézards multicolores.

On en a toute une colonie à la maison, tant dans le jardin qu'a l'intérieur où ils se baladent sur les murs et logent dans les faux plafonds.

On les aime bien et on n'a garde de les chasser, parce que ces redoutables insectivores nous permettent de ne voir jamais aucune mouche, même lorsque nous mangeons en plein air dans jardin, et quasiment pas un moustique (un luxe sous ces latitudes).

Le hic, c'est que ces charmants animaux domestiques poussent leurs cris d'amour la nuit et le cri d'amour d'un gecko, ça ressemble à celui d'un crapaud enroué qui se serait piqué aux stéroïdes anabolisants avant d'avaler un mégaphone.

De temps en temps, on a droit aussi aux multiples chats du voisin venus chasser la souris, la nuit, sur le toit tôlé.

Sans oublier, tous les matins, les petits oiseaux insectivores venus becqueter les scarabées ayant eu l'imprudence de venir se chauffer aux premiers rayons du soleil sur les volets métalliques des chambres (ça, ça fait le bruit d'un pic-vert sous amphétamines s'attaquant à une cymbale).

Il n'y en a qu'un que le tintamarre ne me dérange pas.

Fred a du mal a s'endormir, mais une fois dans les bras de Morphée, plus rien ne parvient l'en sortir.

Francis et moi pouvons pester, râler, jurer : l'autre dort.

Il rêve aussi.

A en juger par le bruit émanant de sa chambre il doit rêver qu'il est un gros hélicoptère vrombissant dans le ciel étoilé.

"Frédéric ! Arrête de ronfler ! Nondidju !" devons-nous hurler en choeur pour ça cesse.

Cela étant dit, après deux mois on est habitués, ce qui nous réveille maintenant, c'est quand le vol de 5h d'Air Burkina a du retard...

SYSTEME BANCAIRE DU BURKINA FASO

Petit gag bancaire.

Pendant que Francis se démenait au Ghana pour dédouaner notre foutu container, Fred et moi nous rendons à la banque pour ouvrir un compte.

Ici, les banques sont gardées à la fois par des vigiles, des policiers et parfois des militaires.

En attendant l'ouverture des guichets, Fred, passionné d'armes, discute avec un type en uniforme armé d'un fusil d'assaut FNC.

Histoire de montrer sa connaissance du domaine et d'engager la conversation, il lui fait remarquer qu'il s'agit de matériel fabriqué en Belgique, son pays natal.

Avec un grand sourire le type en uniforme, lui tend l'engin, en disant "Vous voulez essayer ?"

Tête ahurie de Fred qui, après une seconde de réflexion, décline poliment l'offre, en rétorquant "Non merci, je viens faire un petit dépôt et non un gros retrait".

Autre petit gag bancaire.

Sortant de ladite banque, écoeurés par le parcours du combattant administratif pour pouvoir ouvrir un malheureux compte courant, je suggère à Fred d'essayer dans une autre, espérant trouver des banquiers plus amènes et moins bouchés et ne pas m'être tapé, sous le cagnard, les 5km qui nous séparent du centre ville pour rien.

Nous trouvant sur l'avenue Dr Kwamé N'Krumah (l'avenue principale de Ouaga), les banques, ce n'est pas ça qui manque.

On décide donc de les faire

toutes, dans l'ordre où on les trouvera sur le chemin du retour.

On commence par la première, une filiale de BNP-Paribas.

Je me renseigne au guichet pour savoir comment ouvrir compte commercial et comptes privés et on me donne le nom des deux chargés de relations avec la clientèle professionnelle.

En cherchant dans le labyrinthe de l'étage des bureaux, un aimable employé s'offre à nous guider : coup de chance, c'était l'un des deux chargés de relations que nous recherchions.

Devant répondre à un appel sur son portable, il nous prie de l'excuser de l'interruption, discute quelques minutes avec son interlocuteur, puis s'enquiert de nos desiderata bancaires.

Nettement plus aimable qu'à la banque précédente, après avoir causé formalités et paperasses, il nous interroge plaisamment sur nos raisons d'avoir choisi le Burkina Faso pour monter une affaire commerciale.

Je lui explique en deux mots les circonstances qui m'ont amené à faire connaissance du pays et mes séjours consécutifs dans un pays que j'ai appris à aimer.

Là ou ça devient franchement comique, c'est qu'en bavardant il nous dit qu'il connait fort bien le film "Côte d'Ivoire, poudrière identitaire", qu'il est lui-même membre et trésorier du "Tocsin", l'association de mon vieil ami le Pr Albert Ouedraogo et que c'était précisément ce dernier qui avait interrompu le début de notre entretien par un appel sur son portable!

Ayant, de plus, l'impression de nous être déjà rencontrés, lui et moi, tout d'un coup nous nous rendons compte que c'est lui qui était avec moi dans la Mercedes d'Albert Ouedraogo lorsqu'il m'a conduit à Po, filmer les réfugiés bukinabè fuyant la Côte d'Ivoire, en novembre 2002.

Amitié immédiate, présentation à tout ce qui compte dans la banque et ouverture dès le lendemain des comptes privés avec chéquier et cartes de crédit (sans fiches de salaires, ni emploi et avec un dépôt initial ridicule, faut le faire).

Depuis on passe devant tout le monde dans les files et il est convenu d'aller manger chez lui prochainement.

Deux réflexions : le monde est décidément petit et, pour une fois qu'on a de la chance, on ne va pas la bouder.

PAYS VOISINS

Le Burkina est décidément le pays des hommes intègres : Francis est revenu il y a plus d'une semaine de son séjour au Ghana et au Togo et il n'a pas encore fini de râler sur le niveau de corruption des deux pays (et quand Francis, râle...).

REGIME ET SVELTESSE

Pour le reste, a force de ne boire que de l'eau, de manger peu et sain et de ma taper 15km à pieds tous les jours dans une température de sauna, j'ai perdu mon abcès de comptoir et retrouvé le tour de taille de mes vingt ans.

Plus de news bientôt.

Dominique..

SOMMEIL, RELIGIONS, TRANSPORTS AERIENS et FAUNE AU BURKINA FASO Francis et moi avons assez mal dormi au début. Il faut dire que les nuits ne sont pas particulièrement tranquilles. Les deux dancings du coin diffusent à profusion de la variété locale (beurk) jusquà des heures pas possibles. Vers 3h30, les muezzins entament, en canon, l'appel à la prière à l'intention des musulmans du coin (Allahouakbar!). Sur le coup de 4 heures et demie, les catholiques de la chapelle en plein air située juste en face de la concession, appellent à mâtines, en frappant à coups de masse sur une jante de camion suspendue par une corde à un arbre, faute de cloches (bang, bing, bang!). Après quoi les protestants d'à côté se mettent à chanter la gloire de Dieu (Amen, Alléluia!) sur des airs de gospels baptistes américains. Il arrive aussi que les animistes organisent une procession nocturne de masques et de fétiches au rythme des tam-tam (badaboum, badaboum!). La tolérance religieuse au Burkina Faso est admirable, mais nous apprécierions la tenue d'un forum oecuménique pour qu'imams, curés, pasteurs et sorciers se mettent une fois pour toutes d'accord sur une même heure de prière pour tous, Nom de Dieu(x)! Pour ne rien gâcher, la villa est située pile poil dans l'axe de la piste d'atterrissage de l'aéroport international de Ouagadougou à moins d'un kilomètre du début de piste... Résultats : les avions passent à très très basse altitude au-dessus de la maison. Les vols Air France, ça va, mais les vieux coucous d'Air Burkina ou Air Mali (également connue sous le nom évocateur d'Air Peut-être), là on a carrément l'impression que les tôles du toit vont s'envoler et on surveille chaque matin les fissures de la maison pour voir de combien elles se sont agrandies... On passe sur les Tupolev et Iliouchine perdant des boulons des compagnies charter libyennes emmenant les pèlerins à La Mecque... Un de ces jours, l'un d'entre eux s'écrasera dans la piscine et nous réveillera de manière définitive. Quand on pense aux petits bourgeois douillets qui protestent contre les vols de nuit à Zaventem et qui ont fait fuir DHL et ses emplois, ici, on se marre doucement. N'oublions pas les geckos, ces sympatiques reptiles, qui ressemblent à de gros lézards multicolores. On en a toute une colonie à la maison, tant dans le jardin qu'a l'intérieur où ils se baladent sur les murs et logent dans les faux plafonds. On les aime bien et on n'a garde de les chasser, parce que ces redoutables insectivores nous permettent de ne voir jamais aucune mouche, même lorsque nous mangeons en plein air dans jardin, et quasiment pas un moustique (un luxe sous ces latitudes). Le hic, c'est que ces charmants animaux domestiques poussent leurs cris d'amour la nuit et le cri d'amour d'un gecko, ça ressemble à celui d'un crapaud enroué qui se serait piqué aux stéroïdes anabolisants avant d'avaler un mégaphone. De temps en temps, on a droit aussi aux multiples chats du voisin venus chasser la souris, la nuit, sur le toit tôlé. Sans oublier, tous les matins, les petits oiseaux insectivores venus becqueter les scarabées ayant eu l'imprudence de venir se chauffer aux premiers rayons du soleil sur les volets métalliques des chambres (ça, ça fait le bruit d'un pic-vert sous amphétamines s'attaquant à une cymbale). Il n'y en a qu'un que le tintamarre ne me dérange pas. Fred a du mal a s'endormir, mais une fois dans les bras de Morphée, plus rien ne parvient l'en sortir. Francis et moi pouvons pester, râler, jurer : l'autre dort. Il rêve aussi. A en juger par le bruit émanant de sa chambre il doit rêver qu'il est un gros hélicoptère vrombissant dans le ciel étoilé. "Frédéric ! Arrête de ronfler ! Nondidju !" devons-nous hurler en choeur pour ça cesse. Cela étant dit, après deux mois on est habitués, ce qui nous réveille maintenant, c'est quand le vol de 5h d'Air Burkina a du retard... SYSTEME BANCAIRE DU BURKINA FASO Petit gag bancaire. Pendant que Francis se démenait au Ghana pour dédouaner notre foutu container, Fred et moi nous rendons à la banque pour ouvrir un compte. Ici, les banques sont gardées à la fois par des vigiles, des policiers et parfois des militaires. En attendant l'ouverture des guichets, Fred, passionné d'armes, discute avec un type en uniforme armé d'un fusil d'assaut FNC. Histoire de montrer sa connaissance du domaine et d'engager la conversation, il lui fait remarquer qu'il s'agit de matériel fabriqué en Belgique, son pays natal. Avec un grand sourire le type en uniforme, lui tend l'engin, en disant "Vous voulez essayer ?" Tête ahurie de Fred qui, après une seconde de réflexion, décline poliment l'offre, en rétorquant "Non merci, je viens faire un petit dépôt et non un gros retrait". Autre petit gag bancaire. Sortant de ladite banque, écoeurés par le parcours du combattant administratif pour pouvoir ouvrir un malheureux compte courant, je suggère à Fred d'essayer dans une autre, espérant trouver des banquiers plus amènes et moins bouchés et ne pas m'être tapé, sous le cagnard, les 5km qui nous séparent du centre ville pour rien. Nous trouvant sur l'avenue Dr Kwamé N'Krumah (l'avenue principale de Ouaga), les banques, ce n'est pas ça qui manque. On décide donc de les faire toutes, dans l'ordre où on les trouvera sur le chemin du retour. On commence par la première, une filiale de BNP-Paribas. Je me renseigne au guichet pour savoir comment ouvrir compte commercial et comptes privés et on me donne le nom des deux chargés de relations avec la clientèle professionnelle. En cherchant dans le labyrinthe de l'étage des bureaux, un aimable employé s'offre à nous guider : coup de chance, c'était l'un des deux chargés de relations que nous recherchions. Devant répondre à un appel sur son portable, il nous prie de l'excuser de l'interruption, discute quelques minutes avec son interlocuteur, puis s'enquiert de nos desiderata bancaires. Nettement plus aimable qu'à la banque précédente, après avoir causé formalités et paperasses, il nous interroge plaisamment sur nos raisons d'avoir choisi le Burkina Faso pour monter une affaire commerciale. Je lui explique en deux mots les circonstances qui m'ont amené à faire connaissance du pays et mes séjours consécutifs dans un pays que j'ai appris à aimer. Là ou ça devient franchement comique, c'est qu'en bavardant il nous dit qu'il connait fort bien le film "Côte d'Ivoire, poudrière identitaire", qu'il est lui-même membre et trésorier du "Tocsin", l'association de mon vieil ami le Pr Albert Ouedraogo et que c'était précisément ce dernier qui avait interrompu le début de notre entretien par un appel sur son portable! Ayant, de plus, l'impression de nous être déjà rencontrés, lui et moi, tout d'un coup nous nous rendons compte que c'est lui qui était avec moi dans la Mercedes d'Albert Ouedraogo lorsqu'il m'a conduit à Po, filmer les réfugiés bukinabè fuyant la Côte d'Ivoire, en novembre 2002. Amitié immédiate, présentation à tout ce qui compte dans la banque et ouverture dès le lendemain des comptes privés avec chéquier et cartes de crédit (sans fiches de salaires, ni emploi et avec un dépôt initial ridicule, faut le faire). Depuis on passe devant tout le monde dans les files et il est convenu d'aller manger chez lui prochainement. Deux réflexions : le monde est décidément petit et, pour une fois qu'on a de la chance, on ne va pas la bouder. PAYS VOISINS Le Burkina est décidément le pays des hommes intègres : Francis est revenu il y a plus d'une semaine de son séjour au Ghana et au Togo et il n'a pas encore fini de râler sur le niveau de corruption des deux pays (et quand Francis, râle...). REGIME ET SVELTESSE Pour le reste, a force de ne boire que de l'eau, de manger peu et sain et de ma taper 15km à pieds tous les jours dans une température de sauna, j'ai perdu mon abcès de comptoir et retrouvé le tour de taille de mes vingt ans. Plus de news bientôt. Dominique..

04 janvier 2006

PETITS RECITS DE VOYAGE (9)

Lundi 2 janvier 2006 Matin : marché. Jean-Luc à l’intention de préparer mardi une salade liégeoise de derrière les fagots; aujourd’hui,l’équipe est invitée chez Ousmane à 13 heures. Le temps de prendre l’apéro au maquis, on repasse à la maison et…la femme de ménage, croyant nous faire plaisir a préparé le repas ! Pour ne pas la décevoir, on le mange en l’invitant à le partager avec nous, puis on se prépare à aller regeuletonner chez Ousmane. Retour alourdis et dodo. Mardi 3 et mercredi 4 janvier 2006 Jeûne et abstinence

02 janvier 2006

PETITS RECITS DE VOYAGE (8)

Dimanche 1er janvier 2007 Réinvités pas Benjamin, le patron de maquis qui avait déjà invité Francis et Dominique à Noël. Instruits par l’expérience, on se surveille, ce qui n’empêche pas la maîtresse de maison d’essayer de nous gaver comme des oies. Est présent un adorable nourrisson que les quatre blancs se repassent de bras en bras en se jurant d’en (re)fabriquer bientôt d’aussi adorables. Retour à la maison, via le maquis de Benjamin, plus que repus.

01 janvier 2006

PETITS RECITS DE VOYAGE (7)

Samedi 31 décembre 2005 Après repos, festivités de la Saint Sylvestre. Entre autres farces, les néo-ouagalais ont eu la visite du doyen de la faculté de lettres de l’université de Ouaga, fort aise que Frédéric eût apporté du camembert au lait cru (camembert qui, contrairement au voyage de juin, a eu le bon goût de ne pas se liquéfier dans le sac de vêtements). Il sera vraisemblablement un des tuteurs des thèses de doctorat de Fred et Domi (le doyen, pas le camembert), respectivement en histoire et en sociologie, quand le restaurant tournera suffisamment pour leur laisser des loisirs (et ça, c’est pas demain la veille, mais bon, on est pas pressés : «bilfour, bilfour »(1) ). Question travail, malgré que cette période soit celle des jours fériés (2), le bail de cinq ans de notre future affaire est enfin signé. Tant mieux, on commencera « bilfour, bilfour » (3) après ces semaines agitées en Belgique et à Ouagadougou pour la fine équipe enfin réunie…
NOTES (1)Equivalent en langue Mooré de « douuuuucement…. » (2) Il faut savoir que, le lundi 2, les burkinabés récupèrent la fête de Nouvel An qui tombait le week-end, que le lendemain, c’est l’anniversaire de la Révolution…. Bref : la semaine des quatre dimanches… (3) Equivalent en langue Mooré de « mollo, mollo »