18 février 2006

SAAM PUUSEM YAA A ZUBO

Non, Dominique ne s'est pas remis à picoler, comme pourrait le laisser supposer le caractère cryptique du titre. Il s'agit simplement d'un proverbe Mossi qui dit en langue mooré : "Les salutations pour en étranger lui sont un pesant fardeau", ce qui veut dire que le nouvel arrivant doit, en priorité, s'acquitter en priorité de ce préalable de bienséance et que, nom de nom, ce n'est pas de la tarte. Petit exemple de salutations entre celui qui arrive (Dominique dans notre exemple) et celui qui est sur place (dans l'exemple, Issa) : Dominique : Né y yibeoogo (Salut à vous/bonjour!) Issa : Yibeoog soab yaalà (Bienvenue à celui qui dit bonjour!) facultatif : D : Nàaba (Remerciement) D : Y yibeoog kibaré (Comment ça va?) I : Làafi (En bonne santé!) D : Y zak rãmbà? (Et chez vous?) I : Yéll ka yé (Il n'y a pas de problèmes!) D : Y paga? (Et votre épouse?) I : Làafi bàla (Tout à fait en bonne santé!) D : Kàmba fãà? (Et les enfants?) I : B kéemamé (Ils vont bien) D : W n barka (Dieu soit loué!) I : Y zak rãmbà? (Et chez vous?) D : Làafi bèemé'! (Il y a la santé) I : W n barka (Dieu soit loué!) Ca c'est la séquence minimale pour ne pas être impoli : avec un ancien, un notable, un chef traditionnel ça peut être nettement plus long... Cela étant dit, il n'est pas nécessaire de saluer en Mooré : les gens admettent parfaitement que vous les saluiez en Français, la grossièreté consisterait à omettre de saluer, ou à ne pas s'enquérir de la santé de tout le monde, ou à oublier de remercier Dieu pour les bonnes nouvelles. Résultat des bidons : chaque fois qu'on salue, on est parti pour un sérieux bout de temps bout de temps... Quizz : Sachant qu'on connaît tout le monde dans le quartier et que tout le monde nous connaît, qu'en conséquence on est bien obligé de se saluer, combien nous faut-il pour parcourir les 250 mètres qui nous séparent de l'endroit ou on prend le café le matin? Question subsidaire : A votre avis pourquoi, depuis un certain temps déjà, allons nous désormais prendre le café vers six heures moins le quart le matin, quand personne (ou presque) n'est encore réveillé dans le quartier? Bon allez, pour vous rassurer, avec un familier du même âge on peut se contenter de "Wanna-wanna?" ("Ca boume?"), réponse laconique "Làafi" ("Il y a la santé"), fin de la séquence "Okaaay" (ça c'est pas du mooré, c'est de l'américain).

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