25 février 2006

PARTICULARITES DU FRANCAIS D'AFRIQUE DE L'OUEST

(Guide de survie à l'usage du touriste) Les français parlé en Afrique de l'ouest présente des particularités stylistiques, lexicales et syntaxiques qui le distinguent du français standard. Généralement savoureuses, comme la plupart des particularités des français régionaux, elles peuvent donner lieux à des quiproquos, mécompréhensions ou contresens. Ceci est le premier article d'une série dont le modeste but est de vous divertir un peu tout en vous aidant, lors d'une éventuelle visite à Ouagadougou, à mieux saisir certaines expressions locales, à éviter l'un ou l'autre malentendu et à vous faire aisément passer pour un vieux résident et non un touriste fraîchement débarqué. Bureaux et maquis Petite introduction destinée à permettre la compréhension de l'anecdote aussi authentique que savoureuse qui suit... "Maquis" en Afrique francophone de l'Ouest ne désigne pas la végétation typique des collines corses, ni un groupe de résistants armés, c'est tout simplement un petit bistrot (éventuellement restaurant) du secteur informel : quelques tables et chaises, un toit de paille tressée ou de tôle pour abriter du soleil et de la bière bien fraîche. Il existe d'autres catégories de débits de boissons, comme les "kiosques" et les "frelatés", mais nous y reviendrons dans une livraison ultérieure. Quant au mot "bureau", il désigne en français standard tant votre table de travail que le local dans lequel vous exercez votre profession. Jusque là, pas de problèmes ces deux acceptions sont commune au français standard et à celui pratiqué par des locuteurs ouest africains. Des expressions comme "pose ce dossier sur mon bureau" ou "je dois être au bureau à quatorze heures" seront parfaitement comprises et n'engendreront aucune confusion. Là où ça se complique c'est lorsque le mot "bureau" est précédé d'un adjectif numéral ordinal. Si il s'agit d'une indication topologique (par exemple : "Monsieur Duschmoll? C'est le troisième bureau à votre gauche"), le risque de confusion reste faible. Où est donc le problème, me direz-vous, on ne voit vraiment pas de raison autre que topologique de faire précéder le mot "bureau" d'un tel adjectif. Et pourtant, si, il y a un cas : l'armée française avait l'habitude, du moins avant la deuxième guerre mondiale, de désigner ses différents services d'état major (plans, opérations, logistique,...) par les termes "premier bureau, deuxième bureau, troisième bureau" etc. On désignait d'ailleurs l'état-major dans son ensemble par le vocable "les bureaux" et le terme "deuxième bureau" pour désigner le service de renseignement militaire français est bien connu des amateurs de livres d'espionnage. Mais en Afrique de l'ouest et, d'ailleurs, de manière plus générale, dans toute l'Afrique francophone, le "deuxième bureau", c'est la maîtresse (l'épouse légitime étant le premier bureau). On parle d'ailleurs couramment, lorsque l'on a plusieurs maîtresses (ce qui est fréquent) de "deuxième,troisème..., nième bureau". Donc si à Ouaga, quelqu'un vous dit qu'il a vu Untel au maquis avec son deuxième bureau, ne comprenez pas qu'Untel inspecte son groupe de résistance avec son officier de renseignement mais, plus prosaïquement, qu'il est au bistrot avec sa maîtresse. Ces explications données, voici l'anecdote parfaitement authentique promise. Lors du premier séjour exploratoire de Frédéric, notre ex-associé, en juin 2005, alors queles deux chauffeurs de scooter étaient partis faire quelques courses pour nous, Fred et Dominique, s'installent pour les attendre dans leur maquis habituel, Noagbin, plus commodément surnommé par nos deux Belges "Chez/Bij Omar", du nom du gérant. Sympathisant avec un table d'autochtones voisine de la leur, Dominique et Fred lient conversation. Et c'est là que Fred déclenche l'hilarité générale. En effet, voulant signifier que Noagbin est déjà devenu son repaire, son quartier général, bref, son "stam cafeï", Fred ne trouve pas de plus heureuse manière pour exprimer son sentiment que de déclarer : "Omar, c'est mon deuxième bureau". D'où l'hilarité générale et une certaine confusion du gérant qui était précisément occupé à nous servir.

21 février 2006

RALENTISSEMENT DANS LE FLUX DE NEWS

L'ordinateur de la maison est en panne, le cybercafé particulièrement lent ces derniers jours, le container est arrivé dans l'entrepôt sous douane de Ouagadougou (=paperasses et courreries), on doit encore régler quelques problèmes de gros sous : bref, ces prochains jours on risque d'avoir un peu moins de temps pour vous raconter nos aventures par le menu. Pas de panique : on est en bonne santé et tout devrait bien se passer. On vous réalimentera en anecdotes fraîches d'ici quelques jours.

19 février 2006

GEOGRAPHIE (Partie 1 : Théorie) Pour venir nous visiter, suivez la flèche... En gros, on est à peu près là :

Vu de plus près, c'est par ici :

Plus précisément dans ce coin là :

Là ça commence à se préciser, on distinguer nettement le Burkina Faso :

Une fois là, viser Ouagadougou :

A Ouga, demander le rond-point "Patte d'oie" : Puis suivre le plan :

FRANCIS ET LE MOORE (3)

Autre expression Mooré rapidement assimilée par Francis :"Ligdî kà bé yè" ("il n'y a pas d'argent"), phrase miracle pour décourager les multiples vendeurs ambulants et autres mendiants qui, au centre ville, se ruent sur tout ce qui ressemble à un Européen pour le solliciter, ayant une tendance certaine à confondre "nàsaara" ("blanc") et "BCEAO" (Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest"). Bien prononcé, c'est redoutablement efficace : d'une part, le fait qu'un blanc parle leur langue vernaculaire les laisse suffisament stupéfaits pour qu'on aie le temps de s'éloigner avant qu'il ne reprennent leurs esprits, d'autre part, l'annonce de l'absence de numéraire décourage leur vélléités taxatoires. Le hic, c'est que Francis, en bon Français, comme la plupart de ses compatriotes, éprouve quelques soucis avec la prononciation des langues étrangères (euphémisme : en fait, il torture la prononciation et ignore superbement les accents toniques ce qui en Mooré, langue tonale où la longueur d'une voyelle et l'inflexion de la voix changent le sens d'un mot, pose de légers problèmes -re-euphémisme-) (1). Importuné par un petit vendeur de ceintures alors que nous déambulons sur l'avenue Docteur Kwamé N'Krumah, après lui avoir dit que, non, merci, il n'a pas besoin de ceinture, son pantalon tenant parfaitement bien à sa taille avec sa ceinture actuelle et devant l'insistance du vendeur, Francis s'essaye donc à la formule magique, "Ligdî kà bé yè" . Le hic, c'est que dans sa bouche cela donne quelque chose comme :"Liquide hic abeille!", ce qui ne suscite pas toujours une compréhension immédiate des mooréophones. Si Francis est un homme plein de qualités, la patience n'est cependant pas la principale (ça, ce n'est pas un euphémisme, c'est une litote). Légèrement agacé (ça, c'est de nouveau un euphémisme), Francis finit par se planter face à l'importun et, fermement campé sur ses jambes, les poings sur les hanches lui lance alors avec un accent qui, bien que situant ses orgines bien au sud de la Belgique, n'a plus rien d'Africain :"Hé putaing, cong, jeu doit teu leu direur dang quelleu langueu : y a pas d'oseille!". Après quoi remâchant sa rancoeur de n'avoir pas été compris, il épanche sa bile dans l'oreille compatissante de Dominique pendant un bon quart d'heure sur le mode :"Ils sont cons ou quoi? Le prochain qui m'aborde je te le prends à la gorge et je lui démonte la gueule à coups de manche de pioche! Voient pas qu'on est pas des estivants ou quoi?". De la difficulté de la communication interculturelle... ____________________ (1) Note aux lecteurs belges : souvenez-vous comme on s'est marré au moment du réferendum sur l'Union Monétaire, quand les présentateurs de la télévision Française s'efforçaient en vain de prononcer "traité de Maastricht". :)

18 février 2006

FRANCIS SE MARRE

L'autre jour, pendant que Dominique était occupé à relever le courrier et mettre à jour le blog, Francis, resté dehors pour cause de chaleur insupportable dans le cyber café, se plonge dans la lecture d'un journal local de petites annonces, genre Vlan, et se met tout d'un coup à se gondoler tout seul assis sur son banc, suscitant moult regards interrogatifs des passants. Ses cyber pensums terminés, Dominique m'enquiert de la cause de son hilarité. Francis lui explique qu'elle a été suscitée par la lecture d'une blague lue dans le journal, bien qu'elle n'ait rien de spécifiquement burkinabè et strictement aucun rapport avec nos aventures, on ne résiste pas au plaisir de vous la livrer, comme ça au moins vous saurez ce qui nous fait rire (et juger, par là même, de notre état de fatigue mentale). Voici l’histoire. Un homme égaré dans la forêt à la nuit tombante arrive à une petite maison dans une clairière. Il frappe à la porte afin d’y demander l’hospitalité pour la nuit. Un très vieux et très laid chinois lui ouvre et accepte de le nourrir et de le loger à la condition qu’il respecte sa fille unique, sous peine de subir les trois pire supplices chinois. Notre homme accepte d’autant plus volontiers que l’âge et le physique du vieux laissent présager en guise de fille d’un laideron d’un âge la rendant de toute façon impropre à la consommation. Lors du (délicieux) souper, surprise : la fille a à peine vingt ans, elle radieusement belle et de plus lui fait de l’œil et du pied. Tant bien que mal, le visiteur se contient, pensant aux terribles supplices chinois. Dans la nuit, cependant, il n’y tient plus, va rejoindre la fille dans sa chambre et y passe une nuit de folles galipettes avant de rejoindre sa propre chambre, au premier étage de la maison, à la fine pointe de l’aube. Au réveil, se sentant légèrement oppressé, il ouvre un œil et aperçoit une très grosse pierre posée sur sa poitrine. Sur la pierre un petit mot : « Premier supplice chinois : énorme pierre posée sur poitrine ». Il rigole doucement, se disant que les supplices chinois ont décidément une réputation surfaite. Il prend la lourde pierre à deux mains, se lève et va la jeter par la fenêtre de sa chambre. Au moments précis où il la fait basculer dans le vide, il aperçoit un autre petit mot collé sur le rebord de l’appui de fenêtre disant : « Deuxième supplice chinois : énorme pierre attachée par corde à piano à testicule gauche hôte indélicat ». En une fraction de seconde, sentant déjà la corde se tendre, il se décide à sauter derrière la pierre, préférant la probabilité d’une fracture à la certitude de l’émasculation. Pendant sa chute, il a le temps de lire un dernier petit mot, scotché sur la façade et libellé ainsi : « Troisième supplice chinois : testicule droit de l’hôte indélicat attaché par corde à piano à pied du lit ».

SAAM PUUSEM YAA A ZUBO

Non, Dominique ne s'est pas remis à picoler, comme pourrait le laisser supposer le caractère cryptique du titre. Il s'agit simplement d'un proverbe Mossi qui dit en langue mooré : "Les salutations pour en étranger lui sont un pesant fardeau", ce qui veut dire que le nouvel arrivant doit, en priorité, s'acquitter en priorité de ce préalable de bienséance et que, nom de nom, ce n'est pas de la tarte. Petit exemple de salutations entre celui qui arrive (Dominique dans notre exemple) et celui qui est sur place (dans l'exemple, Issa) : Dominique : Né y yibeoogo (Salut à vous/bonjour!) Issa : Yibeoog soab yaalà (Bienvenue à celui qui dit bonjour!) facultatif : D : Nàaba (Remerciement) D : Y yibeoog kibaré (Comment ça va?) I : Làafi (En bonne santé!) D : Y zak rãmbà? (Et chez vous?) I : Yéll ka yé (Il n'y a pas de problèmes!) D : Y paga? (Et votre épouse?) I : Làafi bàla (Tout à fait en bonne santé!) D : Kàmba fãà? (Et les enfants?) I : B kéemamé (Ils vont bien) D : W n barka (Dieu soit loué!) I : Y zak rãmbà? (Et chez vous?) D : Làafi bèemé'! (Il y a la santé) I : W n barka (Dieu soit loué!) Ca c'est la séquence minimale pour ne pas être impoli : avec un ancien, un notable, un chef traditionnel ça peut être nettement plus long... Cela étant dit, il n'est pas nécessaire de saluer en Mooré : les gens admettent parfaitement que vous les saluiez en Français, la grossièreté consisterait à omettre de saluer, ou à ne pas s'enquérir de la santé de tout le monde, ou à oublier de remercier Dieu pour les bonnes nouvelles. Résultat des bidons : chaque fois qu'on salue, on est parti pour un sérieux bout de temps bout de temps... Quizz : Sachant qu'on connaît tout le monde dans le quartier et que tout le monde nous connaît, qu'en conséquence on est bien obligé de se saluer, combien nous faut-il pour parcourir les 250 mètres qui nous séparent de l'endroit ou on prend le café le matin? Question subsidaire : A votre avis pourquoi, depuis un certain temps déjà, allons nous désormais prendre le café vers six heures moins le quart le matin, quand personne (ou presque) n'est encore réveillé dans le quartier? Bon allez, pour vous rassurer, avec un familier du même âge on peut se contenter de "Wanna-wanna?" ("Ca boume?"), réponse laconique "Làafi" ("Il y a la santé"), fin de la séquence "Okaaay" (ça c'est pas du mooré, c'est de l'américain).

CONTAINER STORY

(bande annonce) "Life, a tale told by an idiot, full of sound and fury, meaning nothing" (W.Shakespeare) (sous-titre français pour les sous-doués linguistiques :"La vie, une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, ne signifiant rien"). L'histoire du voyage de notre container de Bocholt à Ouagadougou via Anvers et Tema ressemble un peu à ça : un scénario chaotique et dépourvu de sens apparent, écrit par un scénariste idiot et/ou sadique. Bientôt sur votre blog : "CONTAINER STORY", une saga pleine de suspense, de rebondissements, d'argent... Bref, tous les ingrédients d'un grand film (sauf le sexe). Simplement, avant d'avoir vraiment envie de nous la raconter pour vous faire rire, on attend d'être sûrs du happy end.

BESTIOLES ET TAS DE BOIS (2)

(illustration) On vous parlait, dans une livraison précédente, des commerces informels de bois de chauffe en mileu urbain Ouagalais et des immigrants indésirables (serpent, scorpions, termites...) dont ils provoquent l'arrivée en ville. Pour ceux d'entre vous dont l'imagination déficiente (ou la paresse d'esprit) ne permettrait pas de se représenter avec précision ce dont il s'agit, nous avons pris ce cliché à 100 m de la villa...

SAINT VALENTIN (2)

Le quinze février, lendemain de Saint Valentin, Francis et Dominique soupent en tête à tête aux chandelles. Mais non, mauvais esprits, Cissou n'a pas viré de bord! Simplement, Sana n'est pas libre et les chandelles, ce n'est pas pour le romantisme, c'est parce qu'on a plus d'électricité parce qu'on a épuisé notre stock d'unités pré-payées (il faudra deux jours pour que le courant soit rétabli, après un rallye vaudevillesque dans tout Ouaga et des heures perdues en files aussi gigantesques qu'inutiles aux mauvais guichets).

SAINT VALENTIN

Le soir du 14 février, jour de la Saint Valentin, Francis invite sa fiancée à partager notre (modeste) repas du soir : poêlée de pommes de terres et légumes sautés aux piments. Partage fraternel des tâches : Cissou coupe les patates et prépare la braise de notre petit réchaud à charbon de bois, Dominique détaille les légumes, prépare la salade et pile le piment. Après allumage laborieux du feu, le charbon de bois étant humide, on pose la poêle de patates et les légumes sur le brasero et Cissou déclare, au vu du fort faiblard rougeoiement du feu, qu' "on en a pour un moment" et que, "tiens, on a même le temps d'aller boire un verre". Proposition adoptée à l'unanimité, d'autant qu'on a rien bu de la journée, à part des sachets d'eau tiédasse, qu'on a abattu une appréciable quantité de boulot et parcouru un nombre respectable de kilomètres sous le cagnard. Laissant la poêle mijoter (enfin, posée sur le brasero, en espérant qu'elle se mette à mijoter), on se dirige vers "La petite France", un maquis sis dans les environs et tenu, comme son nom l'indique, par un compatriote de Francis. Incartade à notre régime sobre à l'initiative de Francis :"Et nom de Dieu, ce coup-ci on a bien mérité une Flag!". Nous nous partageons donc une Flag bien fraîche. Comme on a encore un peu soif, une deuxième suit pendant que nous devisons gentiment avec Patrick, le compatriote de Francis. Au moment de payer l'addition et de revenir à notre tambouille, le patron insiste pour nous offrir le coup de l'étrier, après hésitation, on se fait une douce violence et on cède à son insistance. Le portable sonne : c'est Sana, la fiancée de Francis qui nous avertit qu'elle est à la villa, devant une porte close. On rentre au pas de gymnastique, on ouvre la porte, Sana éclate de rire et Francis et Dominique rient jaune : la braise est magnifique, mais ce qui fait penser à du charbon de bois, maintenant, c'est le contenu de la poêle. Nettoyage express de la gamelle et repas alternatif improvisé en quatrième vitesse : omelette avec ce qui reste de légumes et de piments. Bref : Sana doit vraiment être amoureuse, parce ce genre de repas de Saint Valentin (joint à l'absence de tout cadeau, pour cause de dèche), ça en pousserait plus d'une à rompre sur le champ!

HARMATTAN (2)

(dommages collatéraux) Après, le violent Harmattan de la nuit de jeudi à vendredi, journée grise et fraîche, avec une petite brise (genre Harmattan, modèle fillette). Les autochtones se plaignent du froid, Francis et Dominique respirent après deux jours et deux nuits caniculaires. Pouvoir se taper leurs 10 à 15 km à pieds quotidiens sans avoir le t-shirt trempé après 10 minutes de marche n'est pas fait pour leur déplaire. Cette nuit (celle du vendredi 17 au samedi 18) : re-Harmattan. Conséquences prévisibles :
  • désespoir probable de Mariam (la femme de ménage), à qui on se promet de parler du tonneau des Danaïdes, lundi, quand elle viendra balayer;
  • soupir résigné d'Adama (le piscinier), qui commence à comprendre le mythe de Sisyphe, dès demain matin;
  • insomnie (pour cause de boucan) à l'heure ou ces lignes sont écrites (04h12' UMT) de Cissou et Domi;
  • nouvelle livraison d'anecdotes sur le blog (quand Dominique n'arrive pas à dormir il tape sur son clavier, maintenant qu'il y a de la lumière dans la pièce où se trouve le PC).
Pour ceux qui douteraient de la puissance de l'Harmattan, on joint une photo éloquente...

17 février 2006

FRANCIS ET LE MOORE (2)

Outre les expressions concernant les sous, devinez quelle est la première expression Mooré qu'a maîtrisé Francis en bon méridional qu'il est. Mmmmmh? Je vous écoute? Vous donnez votre langue au chat? Il s'agit de "bilfù, bilfù" , qui signifie en gros :"mollo, mollo", "plus tard, plus tard", "douuuuuuuuuucement", "pas si viiite"... Ben tiens, il se retrouve en pays de connaissance ("aujourd'hui peut être, ou alors demain" comme dit la chanson).

FRANCIS ET LE MOORE

Si Dominique, en bon Belge et en digne fils de deux profs de langue parle courrament le néerlandais et l'anglais, Cissou, lui, en bon Français, s'enorgueillit de ne rien parler ni comprendre d'autre que sa langue maternelle et manifeste un manque de prédisposition à l'apprentissage des langues étrangères qu'il pousserait n'importe quel linguiste au suicide. Néanmoins... Alors que Dominique se casse le c....... depuis avril à assimiler les rudiment du Mooré alors que Francis a une fois pour toutes décrété qu'il n'en avait rien à f....., celui qui en a la connaissance opérationnelle la plus utile n'est pas celui qu'on croit, jugez plutôt à ce qui suit. Pendant une négociation (en français) avec le propriétaire de notre futur local commercial, celui-ci échange quelques phrases en Mooré avec un de ses accolytes, Francis glisse à l'oreille de Domi : "le vieux essaye de nous planter une carotte de 500.000 CFA dans le cul pour l'électricité". Ce qui s'avèrera parfaitement exact par la suite, au grand ébahissement de Dominique qui, malgré une étude assidue, n'arrive pas encore à compter correctement jusqu'à cent. MORALITE : s'il s'agit d'argent (surtout du sien) Francis est capable de comprendre même le chinois.

BESTIOLES ET TAS DE BOIS

Nous lisions l'autre jour dans un journal local une diatribe contre la prolifération anarchique en ville (lisez : Ouagadougou) de commerces informels de bois de chauffe. L'auteur de l'article accusait lesdits commerces de contrecarrer les méritoires efforts de la mairie pour assainir un tant soit peu la ville et tenter d'améliorer le niveau d'hygiène général (fort bas, il faut le reconnaître). Pour faire bref, les tas de bois importés en ville à partir de la brousse étaient accusés de favoriser la prolifération d'insectes, rongeurs et reptiles nuisibles. On lit l'article, mais comme eût dit Chirac : "ça nous en bouge une sans toucher l'autre", d'autant que, lorsqu'il s'agit de critiquer un pouvoir en place, fût-il municipal, la presse d'opposition a tendance à en remettre une louche et à ne pas y aller avec le dos de la cuiller. Révision légère de notre indifférence (épisode 1) : Adama, notre piscinier s'excuse ce matin de ne pas être venu travailler hier, son pied ne lui permettant pas de marcher après qu'il se soit fait piquer par un scorpion en passant devant un tas de bois... Légère révision de notre indifférence (épisode 2) : en passant ce matin devant le commerce de bois sis à 100m de la villa avec notre copain Mahdi, nous étonnant de la terre fraîchement remuée et de la réorganisation manifeste des tas de branches, Mahdi nous explique qu'il a bien fallu assainir un peu, les voisins se plaignant de la prolifération de serpents. Dans les trois derniers jours, les clients du maquis d'en face ont dû en tuer quatre dont deux fort petits mais mortels. On décide de ne plus rire de la presse d'opposition et de regarder où on marche près des tas de bois. NE PANIQUEZ PAS : on a pas encore rencontré personnellement une bestiole venimeuse à Ouaga (mis à part les moustiques, et encore...).

L'HARMATTAN

L'Harmattan, pour ceux qui l'ignoreraient, c'est le vent froid (froid....tout est relatif, en Belgique on trouverait que c'est une agréable brise d'été!) et sec qui souffle du Nord pendant la saison froide et sèche en Afrique de l'ouest (même remarque en ce qui concerne "froide" , "sèche" par contre ce n'est pas usurpé). L'Harmattan, soulève la poussière (ce qui nous vaut d'expectorer des glaires tellement chargés de latérite rouge qu'on pourrait jouer la dame aux camélias) et coïncide avec la saison de la méningite, maladie endémique dans la région de janvier à juin (pas de panique : on est vaccinés). L'Harmattan, s'il fait sortir les "petites laines" aux locaux (bande de grands frileux va...) nous soulage un peu,nous, occidentaux, en nous permettant de respirer après les premières journées caniculaires qui annoncent la saison chaude (mars/avril). L'Harmattan est l'ennemi de notre piscinier : lorsqu'il souffle, une heure après son départ, le fond de la piscine est recouvert d'une, esthétique mais involontaire couche de poussière de latérite rouge/brun et la surface de la même piscine d'une collection de feuilles d'arbres auxquelles viennent de temps à autre se joindre quelques vieux sacs plastiques. L'Harmattan n'est pas non plus le copain de la femme de ménage qui apprécie assez peu de recommencer le balayage de la terrasse à un bout alors qu'elle vient d'arriver à l'autre. L'Harmattan, c'est aussi une maison d'édition spécialisée dans les bouquins sur l'Afrique, mais ça, vous vous en fichez probablement comme de votre première chemise... L'Harmattan est un mot que notre ex-associé Fred, légèrement dyslexique, n'a jamais été fichu de prononcer correctement (persistant à dire : "le larmatan", comme il a toujours dit : "laréoport" pour "l'aéroport" et "soucis" à la place de "Cissou" en guise de diminutif de "Francis"...). L'Harmattan vous vaut aujourd'hui une nouvelle collection d'anecdotes : vers 21 heures le soir du 16 février(hier), il s'est levé en force : craquements des branches, grincement des volets, chutes de mangues, claquements de portes : on en arriverait (presque) à regretter les ronflements de Frédéric... Résultat : incapable de trouver le sommeil, Dominique s'est attelé, vers minuit, à taper ses notes pour l'édification des parents et amis du (désormais) duo du futur "Lavandou Bar Burkina".

16 février 2006

REPASSAGE

Ni Francis, ni Dominique ne sont des as du repassage (doux euphémisme). Jusqu'à leur départ en Europe le premier confiait le soin de repasser ses chemises à Marianne, une cliente et amie, l'autre se reposait sur les doigts de fée de sa petite maman. Evidemment, à Ouagadougou à 6000 km de Bruxelles, ce sont des expédients un peu plus difficiles à mettre en oeuvre. On a fini par trouver une solution... Avec un fer à charbon de bois les chemises sont nickel : avis à toutes les Marianne et mamans du monde !

OUAGA PROPRETE

A votre avis, qui s'occupe de nettoyer les rues de Ouaga de leurs ordures? Louis, le vautour, de Ouaga propreté (et ses congénères).

DU TRIO AU DUO...

(12 février - 14 février 2006) Après quelques jours de réflexion, Fred ne s'adaptant décidément pas au climat, décide de regagner définitivement l'Europe et de réintégrer sa place d'archiviste au ministère de la région de Bruxelles-Capitale. Des trois associés de départ pour la grande aventure du Burkina Fasso ne reste qu'un duo de choc : Francis et Dominique, bien décidés, eux, à prendre racine ici (et pour Francis, même d'y faire souche). Fred nous quitte dans la nuit du 13 au 14 février, son avion décolle à 4h30 le matin de la Saint Valentin, ne manquant pas comme de juste de réveiller les deux autres restés dormir à la villa. Boarf, un avion ça dure moins longtemps que ses ronflements et, globalement, c'est moins désagréable. Il ne nous reste plus qu'à dessouder 3 muezzin, un curé et un pasteur pour pouvoir dormir des nuits convenables. C'est déjà un début...

08 février 2006

ANECDOTES OUGALAISES....

(4 janvier -8 février 2006)

CLIMAT

Le temps polaire (35° la journée, tombant parfois à 25° voire 20° la nuit) reculant en faveur d'un temps un peu plus printanier (38° la journée, 30° à 35° la nuit), nous avons donc pu ranger les édredons en plumes et les doudounes.

SOMMEIL, RELIGIONS, TRANSPORTS AERIENS et FAUNE AU BURKINA FASO

Francis et moi avons assez mal dormi au début.

Il faut dire que les nuits ne sont pas particulièrement tranquilles.

Les deux dancings du coin diffusent à profusion de la variété locale (beurk) jusquà des heures pas possibles.

Vers 3h30, les muezzins entament, en canon, l'appel à la prière à l'intention des musulmans du coin (Allahouakbar!).

Sur le coup de 4 heures et demie, les catholiques de la chapelle en plein air située juste en face de la concession, appellent à mâtines, en frappant à coups de masse sur une jante de camion suspendue par une corde à un arbre, faute de cloches (bang, bing, bang!).

Après quoi les protestants d'à côté se mettent à chanter la gloire de Dieu (Amen, Alléluia!) sur des airs de gospels baptistes américains.

Il arrive aussi que les animistes organisent une procession nocturne de masques et de fétiches au rythme des tam-tam (badaboum, badaboum!).

La tolérance religieuse au Burkina Faso est admirable, mais nous apprécierions la tenue d'un forum oecuménique pour qu'imams, curés, pasteurs et sorciers se mettent une fois pour toutes d'accord sur une même heure de prière pour tous, Nom de Dieu(x)!

Pour ne rien gâcher, la villa est située pile poil dans l'axe de la piste d'atterrissage de l'aéroport international de Ouagadougou à moins d'un kilomètre du début de piste...

Résultats : les avions passent à très très basse altitude au-dessus de la maison.

Les vols Air France, ça va, mais les vieux coucous d'Air Burkina ou Air Mali (également connue sous le nom évocateur d'Air Peut-être), là on a carrément l'impression que les tôles du toit vont s'envoler et on surveille chaque matin les fissures de la maison pour voir de combien elles se sont agrandies...

On passe sur les Tupolev et Iliouchine perdant des boulons des compagnies charter libyennes emmenant les pèlerins à La Mecque...

Un de ces jours, l'un d'entre eux s'écrasera dans la piscine et nous réveillera de manière définitive.

Quand on pense aux petits bourgeois douillets qui protestent contre les vols de nuit à Zaventem et qui ont fait fuir DHL et ses emplois, ici, on se marre doucement.

N'oublions pas les geckos, ces sympatiques reptiles, qui ressemblent à de gros lézards multicolores.

On en a toute une colonie à la maison, tant dans le jardin qu'a l'intérieur où ils se baladent sur les murs et logent dans les faux plafonds.

On les aime bien et on n'a garde de les chasser, parce que ces redoutables insectivores nous permettent de ne voir jamais aucune mouche, même lorsque nous mangeons en plein air dans jardin, et quasiment pas un moustique (un luxe sous ces latitudes).

Le hic, c'est que ces charmants animaux domestiques poussent leurs cris d'amour la nuit et le cri d'amour d'un gecko, ça ressemble à celui d'un crapaud enroué qui se serait piqué aux stéroïdes anabolisants avant d'avaler un mégaphone.

De temps en temps, on a droit aussi aux multiples chats du voisin venus chasser la souris, la nuit, sur le toit tôlé.

Sans oublier, tous les matins, les petits oiseaux insectivores venus becqueter les scarabées ayant eu l'imprudence de venir se chauffer aux premiers rayons du soleil sur les volets métalliques des chambres (ça, ça fait le bruit d'un pic-vert sous amphétamines s'attaquant à une cymbale).

Il n'y en a qu'un que le tintamarre ne me dérange pas.

Fred a du mal a s'endormir, mais une fois dans les bras de Morphée, plus rien ne parvient l'en sortir.

Francis et moi pouvons pester, râler, jurer : l'autre dort.

Il rêve aussi.

A en juger par le bruit émanant de sa chambre il doit rêver qu'il est un gros hélicoptère vrombissant dans le ciel étoilé.

"Frédéric ! Arrête de ronfler ! Nondidju !" devons-nous hurler en choeur pour ça cesse.

Cela étant dit, après deux mois on est habitués, ce qui nous réveille maintenant, c'est quand le vol de 5h d'Air Burkina a du retard...

SYSTEME BANCAIRE DU BURKINA FASO

Petit gag bancaire.

Pendant que Francis se démenait au Ghana pour dédouaner notre foutu container, Fred et moi nous rendons à la banque pour ouvrir un compte.

Ici, les banques sont gardées à la fois par des vigiles, des policiers et parfois des militaires.

En attendant l'ouverture des guichets, Fred, passionné d'armes, discute avec un type en uniforme armé d'un fusil d'assaut FNC.

Histoire de montrer sa connaissance du domaine et d'engager la conversation, il lui fait remarquer qu'il s'agit de matériel fabriqué en Belgique, son pays natal.

Avec un grand sourire le type en uniforme, lui tend l'engin, en disant "Vous voulez essayer ?"

Tête ahurie de Fred qui, après une seconde de réflexion, décline poliment l'offre, en rétorquant "Non merci, je viens faire un petit dépôt et non un gros retrait".

Autre petit gag bancaire.

Sortant de ladite banque, écoeurés par le parcours du combattant administratif pour pouvoir ouvrir un malheureux compte courant, je suggère à Fred d'essayer dans une autre, espérant trouver des banquiers plus amènes et moins bouchés et ne pas m'être tapé, sous le cagnard, les 5km qui nous séparent du centre ville pour rien.

Nous trouvant sur l'avenue Dr Kwamé N'Krumah (l'avenue principale de Ouaga), les banques, ce n'est pas ça qui manque.

On décide donc de les faire

toutes, dans l'ordre où on les trouvera sur le chemin du retour.

On commence par la première, une filiale de BNP-Paribas.

Je me renseigne au guichet pour savoir comment ouvrir compte commercial et comptes privés et on me donne le nom des deux chargés de relations avec la clientèle professionnelle.

En cherchant dans le labyrinthe de l'étage des bureaux, un aimable employé s'offre à nous guider : coup de chance, c'était l'un des deux chargés de relations que nous recherchions.

Devant répondre à un appel sur son portable, il nous prie de l'excuser de l'interruption, discute quelques minutes avec son interlocuteur, puis s'enquiert de nos desiderata bancaires.

Nettement plus aimable qu'à la banque précédente, après avoir causé formalités et paperasses, il nous interroge plaisamment sur nos raisons d'avoir choisi le Burkina Faso pour monter une affaire commerciale.

Je lui explique en deux mots les circonstances qui m'ont amené à faire connaissance du pays et mes séjours consécutifs dans un pays que j'ai appris à aimer.

Là ou ça devient franchement comique, c'est qu'en bavardant il nous dit qu'il connait fort bien le film "Côte d'Ivoire, poudrière identitaire", qu'il est lui-même membre et trésorier du "Tocsin", l'association de mon vieil ami le Pr Albert Ouedraogo et que c'était précisément ce dernier qui avait interrompu le début de notre entretien par un appel sur son portable!

Ayant, de plus, l'impression de nous être déjà rencontrés, lui et moi, tout d'un coup nous nous rendons compte que c'est lui qui était avec moi dans la Mercedes d'Albert Ouedraogo lorsqu'il m'a conduit à Po, filmer les réfugiés bukinabè fuyant la Côte d'Ivoire, en novembre 2002.

Amitié immédiate, présentation à tout ce qui compte dans la banque et ouverture dès le lendemain des comptes privés avec chéquier et cartes de crédit (sans fiches de salaires, ni emploi et avec un dépôt initial ridicule, faut le faire).

Depuis on passe devant tout le monde dans les files et il est convenu d'aller manger chez lui prochainement.

Deux réflexions : le monde est décidément petit et, pour une fois qu'on a de la chance, on ne va pas la bouder.

PAYS VOISINS

Le Burkina est décidément le pays des hommes intègres : Francis est revenu il y a plus d'une semaine de son séjour au Ghana et au Togo et il n'a pas encore fini de râler sur le niveau de corruption des deux pays (et quand Francis, râle...).

REGIME ET SVELTESSE

Pour le reste, a force de ne boire que de l'eau, de manger peu et sain et de ma taper 15km à pieds tous les jours dans une température de sauna, j'ai perdu mon abcès de comptoir et retrouvé le tour de taille de mes vingt ans.

Plus de news bientôt.

Dominique..

SOMMEIL, RELIGIONS, TRANSPORTS AERIENS et FAUNE AU BURKINA FASO Francis et moi avons assez mal dormi au début. Il faut dire que les nuits ne sont pas particulièrement tranquilles. Les deux dancings du coin diffusent à profusion de la variété locale (beurk) jusquà des heures pas possibles. Vers 3h30, les muezzins entament, en canon, l'appel à la prière à l'intention des musulmans du coin (Allahouakbar!). Sur le coup de 4 heures et demie, les catholiques de la chapelle en plein air située juste en face de la concession, appellent à mâtines, en frappant à coups de masse sur une jante de camion suspendue par une corde à un arbre, faute de cloches (bang, bing, bang!). Après quoi les protestants d'à côté se mettent à chanter la gloire de Dieu (Amen, Alléluia!) sur des airs de gospels baptistes américains. Il arrive aussi que les animistes organisent une procession nocturne de masques et de fétiches au rythme des tam-tam (badaboum, badaboum!). La tolérance religieuse au Burkina Faso est admirable, mais nous apprécierions la tenue d'un forum oecuménique pour qu'imams, curés, pasteurs et sorciers se mettent une fois pour toutes d'accord sur une même heure de prière pour tous, Nom de Dieu(x)! Pour ne rien gâcher, la villa est située pile poil dans l'axe de la piste d'atterrissage de l'aéroport international de Ouagadougou à moins d'un kilomètre du début de piste... Résultats : les avions passent à très très basse altitude au-dessus de la maison. Les vols Air France, ça va, mais les vieux coucous d'Air Burkina ou Air Mali (également connue sous le nom évocateur d'Air Peut-être), là on a carrément l'impression que les tôles du toit vont s'envoler et on surveille chaque matin les fissures de la maison pour voir de combien elles se sont agrandies... On passe sur les Tupolev et Iliouchine perdant des boulons des compagnies charter libyennes emmenant les pèlerins à La Mecque... Un de ces jours, l'un d'entre eux s'écrasera dans la piscine et nous réveillera de manière définitive. Quand on pense aux petits bourgeois douillets qui protestent contre les vols de nuit à Zaventem et qui ont fait fuir DHL et ses emplois, ici, on se marre doucement. N'oublions pas les geckos, ces sympatiques reptiles, qui ressemblent à de gros lézards multicolores. On en a toute une colonie à la maison, tant dans le jardin qu'a l'intérieur où ils se baladent sur les murs et logent dans les faux plafonds. On les aime bien et on n'a garde de les chasser, parce que ces redoutables insectivores nous permettent de ne voir jamais aucune mouche, même lorsque nous mangeons en plein air dans jardin, et quasiment pas un moustique (un luxe sous ces latitudes). Le hic, c'est que ces charmants animaux domestiques poussent leurs cris d'amour la nuit et le cri d'amour d'un gecko, ça ressemble à celui d'un crapaud enroué qui se serait piqué aux stéroïdes anabolisants avant d'avaler un mégaphone. De temps en temps, on a droit aussi aux multiples chats du voisin venus chasser la souris, la nuit, sur le toit tôlé. Sans oublier, tous les matins, les petits oiseaux insectivores venus becqueter les scarabées ayant eu l'imprudence de venir se chauffer aux premiers rayons du soleil sur les volets métalliques des chambres (ça, ça fait le bruit d'un pic-vert sous amphétamines s'attaquant à une cymbale). Il n'y en a qu'un que le tintamarre ne me dérange pas. Fred a du mal a s'endormir, mais une fois dans les bras de Morphée, plus rien ne parvient l'en sortir. Francis et moi pouvons pester, râler, jurer : l'autre dort. Il rêve aussi. A en juger par le bruit émanant de sa chambre il doit rêver qu'il est un gros hélicoptère vrombissant dans le ciel étoilé. "Frédéric ! Arrête de ronfler ! Nondidju !" devons-nous hurler en choeur pour ça cesse. Cela étant dit, après deux mois on est habitués, ce qui nous réveille maintenant, c'est quand le vol de 5h d'Air Burkina a du retard... SYSTEME BANCAIRE DU BURKINA FASO Petit gag bancaire. Pendant que Francis se démenait au Ghana pour dédouaner notre foutu container, Fred et moi nous rendons à la banque pour ouvrir un compte. Ici, les banques sont gardées à la fois par des vigiles, des policiers et parfois des militaires. En attendant l'ouverture des guichets, Fred, passionné d'armes, discute avec un type en uniforme armé d'un fusil d'assaut FNC. Histoire de montrer sa connaissance du domaine et d'engager la conversation, il lui fait remarquer qu'il s'agit de matériel fabriqué en Belgique, son pays natal. Avec un grand sourire le type en uniforme, lui tend l'engin, en disant "Vous voulez essayer ?" Tête ahurie de Fred qui, après une seconde de réflexion, décline poliment l'offre, en rétorquant "Non merci, je viens faire un petit dépôt et non un gros retrait". Autre petit gag bancaire. Sortant de ladite banque, écoeurés par le parcours du combattant administratif pour pouvoir ouvrir un malheureux compte courant, je suggère à Fred d'essayer dans une autre, espérant trouver des banquiers plus amènes et moins bouchés et ne pas m'être tapé, sous le cagnard, les 5km qui nous séparent du centre ville pour rien. Nous trouvant sur l'avenue Dr Kwamé N'Krumah (l'avenue principale de Ouaga), les banques, ce n'est pas ça qui manque. On décide donc de les faire toutes, dans l'ordre où on les trouvera sur le chemin du retour. On commence par la première, une filiale de BNP-Paribas. Je me renseigne au guichet pour savoir comment ouvrir compte commercial et comptes privés et on me donne le nom des deux chargés de relations avec la clientèle professionnelle. En cherchant dans le labyrinthe de l'étage des bureaux, un aimable employé s'offre à nous guider : coup de chance, c'était l'un des deux chargés de relations que nous recherchions. Devant répondre à un appel sur son portable, il nous prie de l'excuser de l'interruption, discute quelques minutes avec son interlocuteur, puis s'enquiert de nos desiderata bancaires. Nettement plus aimable qu'à la banque précédente, après avoir causé formalités et paperasses, il nous interroge plaisamment sur nos raisons d'avoir choisi le Burkina Faso pour monter une affaire commerciale. Je lui explique en deux mots les circonstances qui m'ont amené à faire connaissance du pays et mes séjours consécutifs dans un pays que j'ai appris à aimer. Là ou ça devient franchement comique, c'est qu'en bavardant il nous dit qu'il connait fort bien le film "Côte d'Ivoire, poudrière identitaire", qu'il est lui-même membre et trésorier du "Tocsin", l'association de mon vieil ami le Pr Albert Ouedraogo et que c'était précisément ce dernier qui avait interrompu le début de notre entretien par un appel sur son portable! Ayant, de plus, l'impression de nous être déjà rencontrés, lui et moi, tout d'un coup nous nous rendons compte que c'est lui qui était avec moi dans la Mercedes d'Albert Ouedraogo lorsqu'il m'a conduit à Po, filmer les réfugiés bukinabè fuyant la Côte d'Ivoire, en novembre 2002. Amitié immédiate, présentation à tout ce qui compte dans la banque et ouverture dès le lendemain des comptes privés avec chéquier et cartes de crédit (sans fiches de salaires, ni emploi et avec un dépôt initial ridicule, faut le faire). Depuis on passe devant tout le monde dans les files et il est convenu d'aller manger chez lui prochainement. Deux réflexions : le monde est décidément petit et, pour une fois qu'on a de la chance, on ne va pas la bouder. PAYS VOISINS Le Burkina est décidément le pays des hommes intègres : Francis est revenu il y a plus d'une semaine de son séjour au Ghana et au Togo et il n'a pas encore fini de râler sur le niveau de corruption des deux pays (et quand Francis, râle...). REGIME ET SVELTESSE Pour le reste, a force de ne boire que de l'eau, de manger peu et sain et de ma taper 15km à pieds tous les jours dans une température de sauna, j'ai perdu mon abcès de comptoir et retrouvé le tour de taille de mes vingt ans. Plus de news bientôt. Dominique..