20 mars 2009

LA COMPLAINTE DU PINGOUIN AU BURKINA (quater)

On a vu passer hier un naasara (un blanc) assis à l'arrière d'un scooter conduit par un naasablonga (un africain).

Le blanc tenait dans ses bras un énorme pingouin en plastique...

17 mars 2009

SAGESSE AFRICAINE (V)

Un seul doigt ne peut ramasser la farine.

16 mars 2009

PETITS RECITS DE VOYAGE(saison II, épisode 2): LA DINA ET TOUJOURS LES VERTEBRES DE FRANCIS

Résumé des épisodes précédents : nos deux voyageurs dont l'un souffre d'une triple hernie discale, en route pour Lomé, sont coincés par un accident de camion en plein milieu des montagnes de Kara à la tombée de la nuit et sous un violent orage tropical. Comme les chances de voir arriver une grue de 50 tonnes dans un avenir prévisible apparaissent aussi minces que celles de voir de la neige à Ouagadougou, les deux compères décident d'abandonner leur car et de partir à pieds vers l'aval se chercher un autre moyen de transport.

Dieu merci, en vétérans des routes d'Afrique, ils voyagent léger : un petit sac de voyage pour deux contient vêtements, nécessaire de toilette, scanner, ordinateur et imprimante (Francis a un art consommé pour faire tenir quatre éléphants dans une deux-chevaux, il a dû, travailler dans une conserverie de sardines dans une vie antérieure).

En route pour une bonne marche de nuit sous l'orage.

Pas si vétérans que ça, après tout, les deux crétins ont oublié leur indispensable lampe torche à LED sur leurs tables de nuit respectives à Ouagadougou…

Une heure et cinq kilomètres plus loin, on finit par trouver des moto-taxis qui, flairant l'aubaine, s'offrent à déposer qui veut à la "ville" la plus proche.

Les deux refusent, mais payent le motocycliste pour aller chercher une "dina" et lui dire de nous attendre en deçà du bouchon.

Pour ceux qui l'ignoreraient, une "dina" c'est un taxi-brousse, une camionnette de transport de voyageurs (de chèvres, de vélos et de moutons aussi, parfois).

Encore une heure, et la dina est là.

On rameute suffisamment de voyageurs pressés d'arriver à Lomé pour partager les frais du voyage, on négocie les prix férocement quoiqu'en position de faiblesse, on charge les bagages sur le toit ce qui triple la hauteur du véhicule et rehausse son centre de gravité de deux mètres (tout le monde ne voyage pas léger) et on embarque.

Le modèle de minibus Toyota dans lequel va se poursuivre le voyage est prévu pour 7 passagers plus le conducteur ainsi qu'en témoigne la plaque apposée par le constructeur à côté de la portière avant droite.

Bravo Toyota (et bravo la débrouille africaine) : l'auteur témoigne qu'il est parfaitement possible d'y caser vingt et un passagers, le conducteur et deux convoyeurs.

Pour arriver à ce résultat, certaines contorsions sont néanmoins nécessaires et la position adoptée par le dos de Francis ne serait sûrement pas du goût de son chirurgien orthopédiste (doux euphémisme).

Dominique réitère ses prières pour ne jamais avoir à rencontrer ce monsieur.

Départ de la dina et descente de la montagne à tombeau ouvert, par nuit noire, sous l'orage, avec un conducteur à côté duquel Fangio, Ayrton Senna et Michaël Schumacher font figure de pépères lambins conduisant des tacots poussifs.

Les lèvres de Dominique remuent en silence : il prie cette fois pour survivre au voyage, dû-t-il même finir par rencontrer le chirurgien de Francis.

Arrivée à Lomé à4h du matin, après 24 heures de voyage : les héros sont fatigués.

On se dit que ce n'est pas une heure chrétienne pour réveiller le parent de Francis et on se met enquête d'un endroit où poser ses fesses à défaut de pouvoir poser sa tête sur un traversin moelleux.

Coup de chance après seulement 2 kilomètres on trouve un kiosque malien qui sert déjà du café au lait (recette : 1dl de lait concentré sucré, 0,5 dl de Nescafé, 5 sucres).

Ca ne vaut pas un grand crème/croissant, mais on fera aller.

On s'entortille les pieds dans la sangle du sac pour ne pas se le faire voler au cas ou on s'endormirait et l'attente de l'aube commence…

(à suivre)

15 mars 2009

SAGESSE AFRICAINE (IV)

Même après 100 ans dans le marigot, le bout de bois ne devient pas un caïman.

(Celle-là on la déteste : elle n'a que trop servi à justifier discriminations et xénophobie)

14 mars 2009

UNE BREVE HISTOIRE DU TEMPS (7)

Le pillage culturel de l'Afrique est un phénomène qui, pour ne pas être récent n'en est pas moins déplorable.

Depuis l'époque coloniale jusqu'à nos jours, mélodies, rythmes, motifs graphiques, statuaire traditionnelle, ont été abondamment plagiés et exploités par l'Occident sans que les créateurs africains ne perçoivent de juste rémunération pour leurs créations,voire quelque rémunération que ce soit.

Il semble que les consciences s'éveillent.

D'après nos sources, le ministère de la culture du Burkina envisagerait des poursuites contre les héritiers et ayant-droits de Salvador Dali.

En effet, les "montres molles" du célèbre peintre catalan ne seraient que vil plagiat d'une invention typiquement africaine!

Bon, ok, c'est une blague (la chute seulement, l'introduction est tristement exacte).

13 mars 2009

SAGESSE AFRICAINE (III)

Même en se dépêchant, le talon n'arrivera pas à rattraper les orteils.

12 mars 2009

PARTICULARITES DU FRANCAIS D'AFRIQUE DE L'OUEST (5)

(Guide de survie à l'usage du touriste)

Certaines des particularités du français parlé en Afrique de l'Ouest sont tout simplement dues à une traduction littérale d'expressions ou de structures propres à une langue locale.

Comme le bruxellois utilise des formes directement empruntées au flamand.

C'est le cas de "ça vaut deux jours" pour dire "il y avait longtemps" (voir par ailleurs notre autre article sur cette expression dans la série "une brève histoire du temps") : l'expression est une traduction littérale du mooré (elle existe à l'identique en dioula aussi).

N'oublions pas que si le français est la langue officielle, d'enseignement et le moyen de communication commun aux diverses ethnies peuplant les pays de l'ancienne A.O.F., il n'est la langue maternelle de presque personne.

Parfois, cela dépasse le pittoresque pour virer au carrément cocasse.

En mooré, pour dire "tu me précèdes" on dit littéralement "tu es dans mon devant", et il arrive qu'on l'entende dit tel quel en français.

Là où on rigole franchement, c'est lorsque quelqu'un veut signifier qu'il vous suit et traduit par "je suis dans ton …".

11 mars 2009

SAGESSE AFRICAINE (II)

Ce n'est pas parce que l'éléphant a maigri que le chimpanzé peut enfiler son T-shirt.

10 mars 2009

PETITS RECITS DE VOYAGE(saison II, épisode 1): AIGUILLES DE KARA ET VERTEBRES DE FRANCIS

On vous avait annoncé la suite du récit de nos aventures lors de nos pérégrinations africaines.

Chose promise, chose due (roulement de tambour) : voici la saison II!

Pour paraphraser l'introduction de "24H chrono" : "Les événements qui suivent se déroulent entre le premier septembre et le 15 octobre 2009".

Contrairement à la série "24H chrono",nous n'ajouterons pas : "les événements se déroulent en temps réel".

D'abord, l'auteur de ces ligne n'est pas Jack Bauer et,malgré l'amour porté au fidèle public de son blog, a un tas d'autres choses à faire que d'alimenter ce dernier, comme par exemple, entre autres choses,travailler pour gagner son pain quotidien, ce qui est peu compatible avec la dactylographie en temps réel du récit de Théramène qui suit.

Ensuite, il faut bien ménager le suspense, non?

Et enfin, "temps" et "réel" ne ont pas des notions compatibles ici (en fait, "temps réel" au Burkina, c'est un oxymore).

Ces choses étant dites…

(Re roulement de tambour)…

Au moment ou commence ce récit, Francis, qui avait dû effectuer, deux mois auparavant, un retour d'urgence en Europe, en chaise roulante et en avion (les trois ne sont pas incompatibles), suite à de graves problèmes vertébraux, attend, à Ouagadougou, une opération du dos, à Toulon. (Je sais, c'est un peu confus).

Patient modèle, il a promis à son chirurgien de ne pas se baisser, de ne pas faire de mouvements brusques, d'éviter les trajets en voiture et les routes cahoteuses, de s'abstenir de faire de la moto et, pour faire bref,d'éviter de toutes les manières de malmener son dos.

Dominique, chargé d'une mission urgente, impliquant des séjours dans divers pays de la sous-région par un commanditaire européen, étant venu demander à Francis de le faire profiter de son carnet d'adresse bien fourni, notamment au Togo où il a de la famille, celui-ci accepte volontiers de l'aider.

Puis, comme le rôle de patient modèle est, pour Francis, un rôle de composition, pour ne pas dire un contre-emploi, il décide d'accompagner Dominique dans sa grande tournée et d'envoyer au diable son chirurgien(l'expression qu'il utilise est différente, impubliable,mais le sens est approximativement le même).

Départ donc des deux héros de ce récit pour la première étape de leur périple ouest africain, Lomé, capitale du Togo.

Environ 1000 km de route dont moins de la moitié sur des voies en bon état, dans un car africain plus de toute première jeunesse, pendant la fin de la saison des pluies, ce qui allonge le trajet, de nombreux ponts ayant été emportés au Togo.

Dominique commence une longue série de prières pour ne jamais faire la connaissance du chirurgien de Francis et surtout pas si il a un bistouri ou tout autre instrument tranchant sous la main.

Ceux qui ont voyagé en car sur des pistes africaines comprendront aisément pourquoi.

Départ de la concession à 3h30 du matin, check-in à la gare routière à 4h, le car s'ébranle à 5h pile, à l'heure (étonnant, non? Eût dit le regretté Pierre Desproges…).

A 17h30 dans les montagnes Togolaises, peu avant les aiguilles de Kara, Francis remarque : "Ca se passe bien, non? On est dans les temps".

Ah, le c..!

Défier le destin aussi impudemment!

En Afrique!

Sur la route!

Ah, le triple c..!

A 18h arrêt imprévu en pleine montagne.

Rapidement un bouchon de plusieurs kilomètres se forme derrière nous (on saura bientôt qu'un bouchon tout aussi long est en train de se former dans l'autre sens, devant nous).

Aucun de nos deux voyageurs n'étant réputé pour ses trésors de patience,ils décident d'aller voir ce qui se passe en aval.

Ce qui se passe, c'est que deux "titans", comme on appelle ici les semi-remorques de 50 tonnes, se sont renversés en se croisant au point le plus étroit et le plus inaccessible de la route, dans les aiguilles de Kara, falaise à droite, à-pic à gauche.

Comme la route est le passage obligé entre le port de Lomé et tous les pays Sahéliens et qu'elle enregistre un trafic à côté duquel le périphérique de Paris aux heures de pointe ou l'autoroute du Soleil le jour du début des grandes vacances c'est franchement de la gnognotte, on imagine la catastrophe.

Pour ne rien arranger, la nuit tombe (vite, comme partout sous les tropiques) et un superbe orage tropical de fin de mousson nous tombe dessus.

Pour ceux qui n'ont jamais connu un orage tropical de fin de mousson : mettez vous tout habillés dans votre baignoire, ouvrez la douche à fond pendant une heure, vous aurez une petite idée…

(à suivre…)

09 mars 2009

SAGESSE AFRICAINE (I)

Le vieux assis voit plus loin que le jeune debout.

08 mars 2009

MEMOIRE DES FORMES

Savez vous pourquoi les touches du clavier de votre ordinateur sont disposées comme elles le sont?

Je veux dire, de cette façon absconse qui commence par : "AZERTYUIOP"?

C'est un effet de la mémoire des formes.

Je m'explique à l'aide d'un exemple.

Ceux des lecteurs qui ont comme moi grandi dans les années '60 et '70 et à fortiori les lecteurs plusâgés ont encore dû connaître les machines à écrire mécaniques,où les des caractères en plomb étaient fixés au bout de longues tiges plates d'acier et venaient frapper le papier, serré sur un rouleau en caoutchouc, à travers un ruban encreur.

Pour les plus jeunes, ils n'ont qu'à faire un effort d'imagination : oui il y a eu une époque sans imprimante laser ou on dactylographiait, au sens étymologique du terme, c'est à dire qu'on écrivait littéralement à la force des doigts…

Et bien, ceux qui se souviennent de cette époque antique, se souviennent aussi qu'en frappant deux touches dans une succession trop rapide on risquait fort de voir les longes tiges d'acier s'emmêler et les touches se bloquer.

Pour ma part c'était un de mes grands plaisirs d'enfant de parvenir à ce résultat avec le plus grand nombre de touches possible.

Sur les toutes premières machines à écrire, à la fin du XIXe siècle,début du XXe, c'était un gros problème.

Parce que, comme les secrétaires dactylos acquéraient de la virtuosité dans leur frappe au clavier, les fréquents blocages abîmaient la mécanique et nuisaient à la qualité du résultat.

Avant d'améliorer le mécanisme des machines, on imagina donc d'abord de ralentir la frappe en adoptant la disposition des touches la moins ergonomique possible :"AZERTYUIOP", pour le français, "QWERTYUIOP", pour les langues anglaise et allemande.

L'amélioration mécanique,l'arrivée de la machine IBM à boule, puis du traitement de textes on rendu absolument inutile et même franchement contre-productive une telle disposition des touches.

Mais voilà : toutes les dactylos ont appris à taper sur un clavier AZERTY, personne n'a eu envie de fixer une nouvelle norme, le poids de l'habitude a joué et c'est pourquoi vous utilisez sur un ordinateur du XIXe siècle une disposition de touche destinée à vous ralentir si vous aviez utilisé une machine à écrire du XIXe, alors qu'il serait parfaitement possible de multiplier par deux la vitesse de frappe aujourd'hui.

Cette longue introduction pour illustrer ce que j'appelle la"mémoire des formes", ou comment des formes d'objets audépart adaptées à une technologie donnée pour remplir une fonction précisesurvivent dans d'autres objets utilisant une technologie différente pour remplir la même fonction.

Qu'est-ce que tout ceci vient faire dans un journal de bord consacré à la vie en Afrique de l'Ouest?

C'est qu'on vient d'en avoir une très jolie illustration.

Pour commencer il faut savoir que de nombreux quartiers de Ouagadougou ne sont pas raccordés à l'électricité (les quartiers dits "non lotis").

Par ailleurs, dans ceux qui y sont raccordés, les coupures sont fréquentes, surtout en saison chaude (ici on consomme de l'énergie pour se refroidir, pas pour se chauffer, contrairement à l'Europe du Nord).

Donc, la bonne vieille lampe à pétrole de nos grand-mères est encore ici un objet de consommation courante.

Les progrès de la technologie des diodes électroluminescentes, la baisse de leur prix et la diminution de leur consommation de courant ont fait que de plus en plus, ces derniers temps, les lampes à pétrole sont remplacées par des lampes à LED.

Le rigolo, c'est que celles qui sont le plus vendues ici ont la forme d'une lampe à pétrole, grille pare-brûlures, réservoir àpétrole et bouchon de réservoir inclus.

Celle qui trône sur notre télévision est du modèle "lampe Davis" (comme celles des mineurs) et l'interrupteur se trouve au milieu du bouchon de réservoir (bouchon et réservoirs qui ne sont d'ailleurs respectivement, ni un bouchon, ni un réservoir).

Bon, si vous voulez faire plus moderne, on en vend aussi en forme de Lumogaz à manchon Auer.

07 mars 2009

LA COMPLAINTE DU PINGOUIN AU BURKINA (ter)

On a encore revu le vendeur de pingouins.

Cette fois-ci, il ne nous a même pas adressé la parole, détournant même ostensiblement la tête du spectacle révoltant de ces deux blancs trop fauchés pour posséder une piscine ni même une baignoire.

Il avait aujourd'hui sous le bras, en plus des pingouins, une piscine gonflable miniature pour enfants…

Je ne serais pas étonné qu'il nous nargue.