16 mars 2009

PETITS RECITS DE VOYAGE(saison II, épisode 2): LA DINA ET TOUJOURS LES VERTEBRES DE FRANCIS

Résumé des épisodes précédents : nos deux voyageurs dont l'un souffre d'une triple hernie discale, en route pour Lomé, sont coincés par un accident de camion en plein milieu des montagnes de Kara à la tombée de la nuit et sous un violent orage tropical. Comme les chances de voir arriver une grue de 50 tonnes dans un avenir prévisible apparaissent aussi minces que celles de voir de la neige à Ouagadougou, les deux compères décident d'abandonner leur car et de partir à pieds vers l'aval se chercher un autre moyen de transport.

Dieu merci, en vétérans des routes d'Afrique, ils voyagent léger : un petit sac de voyage pour deux contient vêtements, nécessaire de toilette, scanner, ordinateur et imprimante (Francis a un art consommé pour faire tenir quatre éléphants dans une deux-chevaux, il a dû, travailler dans une conserverie de sardines dans une vie antérieure).

En route pour une bonne marche de nuit sous l'orage.

Pas si vétérans que ça, après tout, les deux crétins ont oublié leur indispensable lampe torche à LED sur leurs tables de nuit respectives à Ouagadougou…

Une heure et cinq kilomètres plus loin, on finit par trouver des moto-taxis qui, flairant l'aubaine, s'offrent à déposer qui veut à la "ville" la plus proche.

Les deux refusent, mais payent le motocycliste pour aller chercher une "dina" et lui dire de nous attendre en deçà du bouchon.

Pour ceux qui l'ignoreraient, une "dina" c'est un taxi-brousse, une camionnette de transport de voyageurs (de chèvres, de vélos et de moutons aussi, parfois).

Encore une heure, et la dina est là.

On rameute suffisamment de voyageurs pressés d'arriver à Lomé pour partager les frais du voyage, on négocie les prix férocement quoiqu'en position de faiblesse, on charge les bagages sur le toit ce qui triple la hauteur du véhicule et rehausse son centre de gravité de deux mètres (tout le monde ne voyage pas léger) et on embarque.

Le modèle de minibus Toyota dans lequel va se poursuivre le voyage est prévu pour 7 passagers plus le conducteur ainsi qu'en témoigne la plaque apposée par le constructeur à côté de la portière avant droite.

Bravo Toyota (et bravo la débrouille africaine) : l'auteur témoigne qu'il est parfaitement possible d'y caser vingt et un passagers, le conducteur et deux convoyeurs.

Pour arriver à ce résultat, certaines contorsions sont néanmoins nécessaires et la position adoptée par le dos de Francis ne serait sûrement pas du goût de son chirurgien orthopédiste (doux euphémisme).

Dominique réitère ses prières pour ne jamais avoir à rencontrer ce monsieur.

Départ de la dina et descente de la montagne à tombeau ouvert, par nuit noire, sous l'orage, avec un conducteur à côté duquel Fangio, Ayrton Senna et Michaël Schumacher font figure de pépères lambins conduisant des tacots poussifs.

Les lèvres de Dominique remuent en silence : il prie cette fois pour survivre au voyage, dû-t-il même finir par rencontrer le chirurgien de Francis.

Arrivée à Lomé à4h du matin, après 24 heures de voyage : les héros sont fatigués.

On se dit que ce n'est pas une heure chrétienne pour réveiller le parent de Francis et on se met enquête d'un endroit où poser ses fesses à défaut de pouvoir poser sa tête sur un traversin moelleux.

Coup de chance après seulement 2 kilomètres on trouve un kiosque malien qui sert déjà du café au lait (recette : 1dl de lait concentré sucré, 0,5 dl de Nescafé, 5 sucres).

Ca ne vaut pas un grand crème/croissant, mais on fera aller.

On s'entortille les pieds dans la sangle du sac pour ne pas se le faire voler au cas ou on s'endormirait et l'attente de l'aube commence…

(à suivre)

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