10 mars 2009

PETITS RECITS DE VOYAGE(saison II, épisode 1): AIGUILLES DE KARA ET VERTEBRES DE FRANCIS

On vous avait annoncé la suite du récit de nos aventures lors de nos pérégrinations africaines.

Chose promise, chose due (roulement de tambour) : voici la saison II!

Pour paraphraser l'introduction de "24H chrono" : "Les événements qui suivent se déroulent entre le premier septembre et le 15 octobre 2009".

Contrairement à la série "24H chrono",nous n'ajouterons pas : "les événements se déroulent en temps réel".

D'abord, l'auteur de ces ligne n'est pas Jack Bauer et,malgré l'amour porté au fidèle public de son blog, a un tas d'autres choses à faire que d'alimenter ce dernier, comme par exemple, entre autres choses,travailler pour gagner son pain quotidien, ce qui est peu compatible avec la dactylographie en temps réel du récit de Théramène qui suit.

Ensuite, il faut bien ménager le suspense, non?

Et enfin, "temps" et "réel" ne ont pas des notions compatibles ici (en fait, "temps réel" au Burkina, c'est un oxymore).

Ces choses étant dites…

(Re roulement de tambour)…

Au moment ou commence ce récit, Francis, qui avait dû effectuer, deux mois auparavant, un retour d'urgence en Europe, en chaise roulante et en avion (les trois ne sont pas incompatibles), suite à de graves problèmes vertébraux, attend, à Ouagadougou, une opération du dos, à Toulon. (Je sais, c'est un peu confus).

Patient modèle, il a promis à son chirurgien de ne pas se baisser, de ne pas faire de mouvements brusques, d'éviter les trajets en voiture et les routes cahoteuses, de s'abstenir de faire de la moto et, pour faire bref,d'éviter de toutes les manières de malmener son dos.

Dominique, chargé d'une mission urgente, impliquant des séjours dans divers pays de la sous-région par un commanditaire européen, étant venu demander à Francis de le faire profiter de son carnet d'adresse bien fourni, notamment au Togo où il a de la famille, celui-ci accepte volontiers de l'aider.

Puis, comme le rôle de patient modèle est, pour Francis, un rôle de composition, pour ne pas dire un contre-emploi, il décide d'accompagner Dominique dans sa grande tournée et d'envoyer au diable son chirurgien(l'expression qu'il utilise est différente, impubliable,mais le sens est approximativement le même).

Départ donc des deux héros de ce récit pour la première étape de leur périple ouest africain, Lomé, capitale du Togo.

Environ 1000 km de route dont moins de la moitié sur des voies en bon état, dans un car africain plus de toute première jeunesse, pendant la fin de la saison des pluies, ce qui allonge le trajet, de nombreux ponts ayant été emportés au Togo.

Dominique commence une longue série de prières pour ne jamais faire la connaissance du chirurgien de Francis et surtout pas si il a un bistouri ou tout autre instrument tranchant sous la main.

Ceux qui ont voyagé en car sur des pistes africaines comprendront aisément pourquoi.

Départ de la concession à 3h30 du matin, check-in à la gare routière à 4h, le car s'ébranle à 5h pile, à l'heure (étonnant, non? Eût dit le regretté Pierre Desproges…).

A 17h30 dans les montagnes Togolaises, peu avant les aiguilles de Kara, Francis remarque : "Ca se passe bien, non? On est dans les temps".

Ah, le c..!

Défier le destin aussi impudemment!

En Afrique!

Sur la route!

Ah, le triple c..!

A 18h arrêt imprévu en pleine montagne.

Rapidement un bouchon de plusieurs kilomètres se forme derrière nous (on saura bientôt qu'un bouchon tout aussi long est en train de se former dans l'autre sens, devant nous).

Aucun de nos deux voyageurs n'étant réputé pour ses trésors de patience,ils décident d'aller voir ce qui se passe en aval.

Ce qui se passe, c'est que deux "titans", comme on appelle ici les semi-remorques de 50 tonnes, se sont renversés en se croisant au point le plus étroit et le plus inaccessible de la route, dans les aiguilles de Kara, falaise à droite, à-pic à gauche.

Comme la route est le passage obligé entre le port de Lomé et tous les pays Sahéliens et qu'elle enregistre un trafic à côté duquel le périphérique de Paris aux heures de pointe ou l'autoroute du Soleil le jour du début des grandes vacances c'est franchement de la gnognotte, on imagine la catastrophe.

Pour ne rien arranger, la nuit tombe (vite, comme partout sous les tropiques) et un superbe orage tropical de fin de mousson nous tombe dessus.

Pour ceux qui n'ont jamais connu un orage tropical de fin de mousson : mettez vous tout habillés dans votre baignoire, ouvrez la douche à fond pendant une heure, vous aurez une petite idée…

(à suivre…)

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